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pas l’orage. La terre tremblait et, brusquement, dans un fracas épouvantable, le
pan de la colline s’écroula au fond de la vallée.
Aussi vif que l’éclair, Jeannot avait saisi le bras de sa sœur et l’avait entraînée
dans une course effrénée jusqu’à l’orée du bois. Tapis dans les fourrés, ils étaient
restés là, longtemps, sans bouger, muets de frayeur. Jusqu’au silence total. On
n’entendait plus rien. Pas même un chant d’oiseau, pas même le souffle du vent.
Juste les battements de cœur qui cognaient dans leurs poitrines.
Quand enfin, tremblants, serrés l’un contre l’autre, ils ont pu s’avancer, la première
chose qu’ils ont vue, c’est la voiture. Par miracle, elle était encore là, sur ce qui
restait du terre-plein. Car, devant, à deux mètres à peine, c’était un trou béant. Tout
avait disparu, le jardin, la tonnelle, les ruines de la maison.
Amélie était blême. Prise de vertige, elle se laissa tomber au sol et sanglota. Elle
pleurait sur son passé qui, d’un seul coup, venait de s’écrouler. L’histoire de leur
famille était bel et bien enterrée. Elle leva les yeux sur Jeannot qui semblait pétrifié
sur place. Et puis, un léger rictus se dessina sur ses lèvres. Il prit son portable et
composa un numéro. Sa voix, qui d’habitude était chaude, avait pris un ton acide :
- Allô Hervé ? Tu m’entends ? On t’a attendu ce matin tous les deux. J’espère
que tu n’as pas de problème. Tu sais, à propos du Combloux, on vient d’en
discuter avec Amélie. On est d’accord pour le vendre.
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