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Elle abordait maintenant la route en lacets qui grimpait jusqu’au Combloux. Elle
rétrograda tant la pente était abrupte. C’est bien ce qu’elle craignait. Le revêtement
était glissant et boueux. Elle sentait que ses roues patinaient et les trous sur le
bitume détérioré la freinaient. Sa voiture avançait par à-coups. Amélie était
inquiète.
Il ne manquerait plus qu’elle tombe en panne. Elle roula lentement et atteignit enfin
le haut de la côte, là où la route tourne à angle droit. Elle amorçait le virage quand
son moteur se mit à tousser. Puis il s’arrêta tout net. Impossible de redémarrer.
Tant pis. Après tout, il ne lui restait qu’une centaine de mètres jusqu’au Combloux.
Un peu de marche ne lui ferait pas de mal. Elle prit son panier et avança en
prenant soin d’éviter les flaques.
C’est Jeannot qu’elle aperçut le premier. Appuyé contre le capot de sa voiture, il
semblait méditer en contemplant le paysage. Son frère cadet était comme elle,
nostalgique et très attaché à ce lieu où ils avaient grandi. Du regard elle chercha
son autre frère. Visiblement, la voiture d’Hervé n’était pas là. En principe, il arrivait
toujours le premier. Contrariée, Amélie pressentit qu’il ne viendrait pas. Jeannot fit
un geste de la main et se pressa à sa rencontre, étonné de la voir arriver à pieds.
Content de la revoir, il l’embrassa chaleureusement et il lui prit le panier. Amélie lui
expliqua rapidement sa panne et d’une voix chargée d’amertume lui demanda :
- Il n’est pas là, hein c’est ça Jeannot ?
- Ben non. Amélie, je crois bien qu’on ne le verra plus notre frérot.
La déception se lisait dans leurs yeux. Une fêlure qui leur brisait le cœur. Ils
arrivèrent sur le terre-plein où il avait garé son véhicule. Jeannot posa le panier par
terre et ouvrit son coffre pour prendre les boissons qu’il avait prévues pour
accompagner leur repas. Amélie s’apprêtait à reprendre son panier quand elle
poussa un cri. Elle venait d’avoir une drôle d’impression. Comme si le sol se
dérobait sous ses pieds. Pour ne pas tomber, elle se reteint à la portière. Jeannot
aussi ressentait la même chose. Immobiles, ils écoutèrent. Ça grondait dans la
vallée. Un grondement sourd, menaçant. Le ciel était clair pourtant, ce n’était donc
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