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N° 17                       Petit chat qui dort





                      Il pleuvait ce jour-là lorsqu’elle s’est levée.
                      « Ah ! au fait quel jour sommes-nous ? » se dit-elle.

                      « Vendredi 13 ! Zut »
                      Elle n’aimait pas les vendredis 13 qui lui réservaient toujours des surprises.


                      Pauline avait accompli sa journée de travail en se demandant de quelle nature allait

               être la surprise. La matinée passée, comme aucune catastrophe ne s’était produite, elle décida

               d’ignorer la date fatidique et de penser à autre chose. Que la surprise soit bonne ou mauvaise,
               on verrait bien ! Malgré cette affirmation, elle n’était tout de même pas si sereine et avait hâte

               que la journée se termine. Chaque vendredi treize, c’était plutôt un lot de calamités, naturelles

               ou non, qui avaient tendance à s’abattre sur ses épaules, déjà fragiles.
                      Maman célibataire et solo, mère de famille unique, car le futur papa n’avait pas été

               ravi d’apprendre la grossesse en cours et avait courageusement préféré s’enfuir, Pauline devait
               gérer seule un adolescent de seize ans, boutonneux et flegmatique. Elle ne se faisait donc que

               très peu d’illusions  sur  le fait que la surprise allait certainement être mauvaise tant sa vie
               personnelle penchait, le plus souvent, du mauvais côté de la balance.

                      Elle venait de rentrer du travail, plus tôt que d’habitude, afin de passer un moment

               avec son garçon. La veille, elle avait reçu le bulletin de notes du collège. Calamiteux ! Avec
               déjà deux ans de retard bien installés dans son parcours scolaire et des performances aussi

               faibles, il devenait urgent que Pauline ait une  discussion avec son fils Dylan au sujet de
               l’avenir de celui-ci. A cette situation déjà problématique s’ajoutait un total désintéressement

               de son rejeton pour tout ce qui s’apparentait à un effort, une performance, un objectif ou une
               envie de réussir quelque chose dans la vie. La discussion s’annonçait donc compliquée.

                      En  ouvrant la porte, Pauline avait entendu les  sons de basse qui  émanaient de la

               chambre de l’adolescent, vu les murs trembler sur leur base et senti une odeur suspecte très
               loin de la tisane de camomille qu’elle s’octroyait le soir,  à la fin du  repas, pour tenter de

               trouver un sommeil paisible. Elle avait soupiré puis choisi courageusement de faire preuve

               d’autorité parentale :
                      -      Baisse le son ! cria-telle. Les voisins ! En plus, tu vas t’abimer les oreilles.





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