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N° 16 Là où finit la colline
Il pleuvait ce jour-là lorsqu’elle s’est levée.
" Ah ! Au fait quel jour sommes-nous ? " se dit-elle.
" Vendredi 13 ?! Zut ! "
Elle n’aimait pas les vendredis 13 qui lui réservaient toujours des surprises. Et
bien sûr, que de mauvaises surprises. Pris d’un doute, Amélie consulta encore une
fois le calendrier. C’était bien ça. On était le vendredi 13 du mois de mars. Elle n’en
revenait pas. Jamais, depuis trente ans, elle n’avait oublié une telle date. Un jour
de mémoire incontournable pour sa famille. Elle s’en voulait d’une telle étourderie.
Qu’est-ce qui lui arrivait ? Est-ce que par hasard elle ne perdrait pas la raison ? À
bientôt cinquante ans, ce serait vraiment navrant.
Même si elle se sentait quelque peu déstabilisée par cet oubli, Amélie n’était pas
du genre à se laisser aller. De toute façon, elle n’avait pas de temps à perdre à
gamberger inutilement. Sa journée allait être particulièrement chargée et elle avait
plein de choses à faire avant de partir. Car, en dépit de tout, elle serait là-haut, au
Combloux, à midi comme tous les vendredis 13.
Pourtant, son frère Jeannot lui avait téléphoné la semaine dernière pour lui
rappeler la date. Il s’inquiétait d’ailleurs de n’avoir aucune nouvelle de leur frère
aîné. Et, comme elle savait le faire, Amélie avait trouver les mots pour le rassurer.
" T’inquiète mon Jeannot. Tu sais bien que, même si Hervé n’est pas toujours
conciliant, pour rien au monde il ne manquerait ce rendez-vous."
Tout en préparant leur futur pique-nique, Amélie repensait à leur dernière
rencontre qui s’était bien mal terminée. C’était il y a huit mois. Ses deux frères
avaient bien failli en venir aux mains après une discussion plutôt animée. La faute
à cet obstiné d’Hervé. Mais quelle mouche l’a piqué de vouloir vendre les ruines de
leur maison natale ? Une idée absolument stupide.
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