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Elle  hésita  à se rendre  chez ses  autres voisins. Puis renonça. Elle tenta de joindre
               Dylan sur son téléphone portable. La messagerie s’enclencha directement : « Bonjour, vous

               êtes bien au 06.05.04.03.02, merci de me laisser un message si vous n’avez rien d’autre à faire
               et peut-être que je vous rappellerai ». Pauline sourit malgré son inquiétude et reconnut bien là

               l’humour particulier de Dylan. Elle laissa un message, demandant à son fils de la rappeler.

               Elle composa ensuite le numéro de la secrétaire du collège. Celle-ci la rassura. Dylan avait
               bien assisté aux cours aujourd’hui, il était sorti vers quinze heures trente. Un peu rassérénée,

               Pauline raccrocha, se demandant tout de même où était passé son fils. Il était presque dix-huit
               heures  trente. Chez un  copain ? Pauline songea également  à une petite amie. Après tout,

               c’était de son âge. Dylan avait seize ans.
                      Sans trop savoir quoi faire, Pauline sortit dans l’impasse, jetant un regard vers la rue,

               s’attendant à voir arriver la silhouette familière tout au bout de l’impasse. Toujours rien. Seule

               une ombre discrète, un petit chat noir vint frôler ses jambes en miaulant. Pauline le caressa
               mais se fâcha quand l’ayant accompagnée sur les trois marches du perron, il prétendit rentrer

               dans la maison. Elle refusa tout net :

                      -      Non ! dit-elle d’un ton ferme. Tu restes dehors !
                      Le chat lui jeta un regard qui aurait immédiatement apitoyé un futur adoptant de la

               SPA, venu chercher un animal de compagnie au refuge, mais Pauline ne céda pas. Elle rentra
               chez elle, laissant le chat à l’extérieur.

                      Vers vingt-et-une heures, elle appela le commissariat.  On prit sa déposition en lui
               disant de ne pas s’inquiéter. C’était sans doute  une fugue. Souvent la jeunesse manifestait

               ainsi son besoin de liberté. De toute manière, aucune démarche n’était possible avant vingt-

               quatre-heures. La disparition de Dylan ne présentait pour l’instant pas de caractère inquiétant.
                      Pauline ne dormit pas de la nuit.

                      Le lendemain en partant travailler, elle s’aperçut que le chat était toujours là, enroulé,
               replié sur lui,  assoupi  sur les marches.  Il dormait ou faisait semblant. Pauline déposa

               discrètement une soucoupe de lait à côté de lui avant de partir travailler. Le chat ouvrit les

               yeux. Dans son regard passa une expression qui semblait remercier Pauline. Celle-ci s’étonna
               d’y trouver comme une impression familière et partit le cœur plus léger vers les heures de

               travail monotones et obligatoires qui l’attendaient.
                      Vers dix-sept heures, en rentrant chez elle, Pauline espérait que Dylan soit rentré et

               que toute cette histoire ne soit plus qu’un mauvais souvenir. Toujours rien ! A part le chat sur

               les marches, le poil trempé, il n’y avait rien de changé dans l’impasse des oiseaux. Dehors, il
               pleuvait. Pauline n’eut pas le cœur de laisser l’animal sous ce temps morose et le laissa entrer.

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