Page 76 - tmp
P. 76
- Ha on ne se connait pas, bien sûr ! Une amitié comme ça, balayée, on ne se connait pas ? Tu
me prends pour qui ? répéta Aurélie.
- Mais elle est folle ? chuchotait-elle à son amie.
- Ha je suis folle, ha ça non, je ne suis pas folle, c’est vous ! C’est vous qu’on devrait
enfermer ! Ha je ne me laisserais pas faire, ha ça non, sûrement pas ! Elle se dirigea vers la
porte, l’ouvrit et la claqua d’une force telle que les dernières dormeuses furent réveillées en
sursaut.
Aurélie furieuse marcha plusieurs kilomètres pour rejoindre la gare de Lyon. Elle franchit les
portes de la gare et se dirigea vers les rails. Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux
derniers jours passés avec celles qu’elle avait considérées comme ses amies. Un malaise
persistait en elle. Ses pensées furent interrompues par l’arrivée du train. La porte s’ouvrit, elle
mit un pied sur la première marche, leva la tête et s’arrêta brusquement. Aurélie le dévisagea.
Devant elle, un homme d’une cinquantaine d’année la regardait sans sentiment. Il portait un
jean brut serré aux mollets, une chemise ressortait de son pull en V noir. C’était la première
fois qu’elle le voyait sans sa longue blouse blanche. Deux policiers se tenaient à ses côtés. Ils
l’attrapèrent par le bras et la firent descendre du train. Le chef de gare siffla le départ du train.
Pour elle, le voyage s’arrêtait là. Le médecin les rejoignit sur le quai de gare. La destination
était connue, c’était celle où elle venait de passer les six dernières années de sa vie, entre les
quatre murs blancs de cette chambre d’isolement.
.
6

