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- Joe -
— Vous êtes sûr ? Je ne suis pas venue dans la région depuis vingt ans.
— Dix-neuf, exactement, 1998, j’étais berger. Ça vous rappelle quelque chose ?
Mathilde sentait qu’elle rougissait de plus en plus.
— Euh, oui, je crois.
— On peut se tutoyer ?
— Oui bien sûr.
— Tu te rappelles ces moments, comme on était heureux ?
— Oui, je me souviens. C’est même pour ça que je suis sortie précipitamment du car
quand j’ai vu le nom du village, j’ai eu comme un éblouissement et j’ai oublié mon sac.
— Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?
— Je travaille à Aix, je suis présidente de la cour d’assises. Et toi ?
— Moi je suis resté ici, je dirige une équipe de guides accompagnant les touristes. Je
les recrute, les forme et gère les plannings et les payes. Ça me plaît bien.
— Tu es marié ?
— Non, et toi ?
— Non, je l’ai été, mais ça n’a pas duré.
Tende : le panneau d’entrée de ville indiquait qu’on était arrivé. Julien tourna à droite,
puis à gauche, le café était juste en face. Mathilde récupéra ses affaires, remercia Paul et
consulta son iPhone. Ses amies avaient appelé, elles ne comprenaient pas cette arrivée
tardive, il n’y avait plus de car après 16 heures.
Julien proposa de prendre un pot. Les heures passèrent rapidement, ponctuées de
cafés, de jus de fruits, de bières ; les consommations se succédaient, les souvenirs aussi.
Déjà 19 heures ! Julien accompagna Mathilde et s’arrêta un peu avant la maison des
parents de Sophie. Elle ouvrit la porte de la Clio :
— Viens, je vais te présenter. Elles sont sympas, tu verras.
— Non, je ne les connais pas.
— S’il te plaît, on ne va pas se quitter comme ça. Tu as mieux à faire ce soir ?
— Je n’ai rien de prévu.
— Alors, viens !
— Tu es sûre qu’elles vont apprécier ma venue ?
— Viens, je te dis, j’ai envie d’être avec toi.
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