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- Joe -
— Salut Paul, ne t’inquiète pas, tout va bien. J’ai juste prêté mon téléphone à une
personne qui a oublié quelque chose dans le car. Je ne connais même pas son prénom.
— Mathilde, je m’appelle Mathilde.
Julien sourit intérieurement, il ne s’était pas trompé.
— Cette dame s’appelle Mathilde, je te la passe, Paul.
— Allô, qu’est-ce que je peux faire pour vous, alors ?
— J’ai oublié mon sac dans l’autocar qui venait de Nice. Je suis descendue à Breil sans
prendre mes affaires. Auriez-vous la gentillesse d’aller voir si le chauffeur est encore là pour
qu’il regarde s’il y a mon sac à dos ? J’étais au premier rang.
— Le car n’est pas encore arrivé. Le chauffeur viendra prendre un café comme
d’habitude. Dès qu’il arrive, je lui demanderai et vous rappellerai.
Julien ne la quittait pas des yeux. Elle semblait toujours aussi douce, comme dans ses
souvenirs. Elle prit une table en terrasse et accepta le café qu’il avait commandé pour elle.
— Paul ne tardera pas à rappeler. Pendant ce temps, si ça ne vous dérange pas, on va
terminer notre partie de cartes, il ne reste plus que deux tours. On va les battre !
Ils se remirent au jeu, la belote semblait une vraie passion. Le téléphone de Julien sonna
et Mathilde reconnut les premières notes de Vivre sans elle, le tube des années 90 sur
lequel elle dansait le samedi soir.
— J’ai vu le chauffeur, il a retrouvé les affaires de la dame. Elle peut venir les chercher
au bar avant 17 heures. Après c’est le rush, je ne pourrais pas m’occuper d’elle.
— Merci Paul, je vais l’accompagner. À tout à l’heure.
— Je vous emmène ?
— Je ne veux pas vous déranger, je vais prendre un taxi ou le prochain car.
— Un taxi ici, ça va être compliqué. Allez, c’est la Clio rouge, installez-vous.
— Euh, ben, bon, merci alors. Je dois appeler mes amies pour leur dire que j’arrive en
retard. Je peux me permettre d’emprunter encore une fois votre téléphone ?
— Bien sûr, dites-leur que vous arriverez vers 20 heures.
— 20 heures ?
Mathilde décida de ne pas réagir. Elle appela Sophie, tomba sur son répondeur et laissa
un message : Elle serait là vers 20 heures, il ne fallait pas s’inquiéter. Il attendit pour
démarrer qu’elle ait attaché sa ceinture. Il semblait connaître chaque virage, elle se sentait
en confiance.
— On se connaît, non ?
— On se connaît ?
— Oui, on se connaît.
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