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sa carte ou quelques billets pour s’offrir son doux breuvage. Elle balaya son inquiétude de la
main, la soirée ne faisait que commencer, elle trouverait bien une âme charitable pour lui
payer un verre. Elle observait autour d’elle la population du bar. Des groupes d’amis
s’entassaient sur les banquettes rouges et sales de ce pub. L’ambiance était à la fête. Tous
semblaient passer une excellente soirée, la bière coulait à flots et des éclats de rire jaillissaient
à rythme régulier de ces groupes. Aurélie sirotait son whisky quand un groupe de quatre
femmes poussa la porte du pub. Leur accoutrement lui rappelait vaguement quelque chose
mais elle n’arrivait pas à se souvenir…Le short extra-court avait été élu accessoire de leur
soirée. Elles portaient toutes des décolletés prononcés laissant apparaitre sans difficulté leurs
généreuses poitrines. Les quatre filles et une multitude de regards s’approchèrent du bar. Leur
arrivée sonore avait interrompu plusieurs groupes qui admiraient le spectacle. La première du
groupe héla une bouteille de champagne au barman. Le Black Velvet ne semblait pas être la
première étape de leur périple nocturne. Elles se retournaient constamment, maintenant le
regard de l’assemblée sur elles. Une fois la bouteille sur le bar, l’une d’elle la prit dans les
mains et la leva au-dessus de sa tête en criant : Nous sommes les Spice Girls ! Mais bien sûr !
Les souvenirs des années lycéennes d’Aurélie lui revinrent immédiatement en mémoire. Elle
aurait dû s’en souvenir…si seulement son cerveau n’était pas si confus…
Un homme, au niveau d’alcoolémie égal aux quatre filles réunis, rétorqua :
« Hè, elles sont cinq les Spices Girls !
Il se retourna vers son groupe d’amis qui se gaussait de cette fine trouvaille. Une des quatre
filles attrapa Aurélie par le bras, lui faisant presque perdre l’équilibre.
« Hè maintenant on est cinq, connard ! »
L’homme éméché se leva pour en découdre. Le jugement était altéré et l’insulte était de trop.
Ses amis réussirent à le retenir avant qu’il ne fonce tête baissée sur elles. Les quatre filles et
Aurélie s’échappèrent du pub, hilares et la bouteille de champagne à la main. Maigre butin
d’un passage express au Black Velvet. Elles continuèrent à courir sur une vingtaine de mètres
le long de la rue puis ralentirent. Elles tournèrent dans une ruelle à l’angle de la rue de Rivoli.
Elles titubaient, la faute aux talons ou à l’alcool. La ruelle était déserte. Les palettes du
restaurant d’à côté avaient été entreposées devant la porte de service. Les cuisines donnaient
sur la rue. Les cinq femmes prirent place en rond, les unes sur les palettes, les autres sur le
trottoir. Elle se repassait l’histoire en boucle. Elles avaient passé de nombreuses soirées
ensemble mais celle-ci semblait sur la bonne trajectoire pour devenir une soirée mémorable.
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