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qui envoya le texto de rupture, elle déclara le téléphone de son mari volé et bloqua son numéro. Alex,

            sous un prétexte quelconque, se fit remplacer par un collègue à Londres, il n’y allait plus qu’occasion-
            nellement, et seulement pour la journée.


            Mais la soif de vengeance faisait son chemin dans la tête de Lilia. Cette année-là, elle brisa le pacte et
            contacta Jade et Pauline : il fallait qu’elle les voie toutes les deux, Camille ne devait en aucun cas être

            mise au courant. La rencontre eut lieu à Paris début juin, un mois avant leur week-end annuel, et eut
            pour résultat le plan fomenté pour se venger de leur amie. Toutes les trois faisaient corps, ne lui trou-

            vant ni excuse ni circonstance atténuante. Une sanction s’imposait pour celle qui avait brisé leur beau
            serment d’amitié. Jade savait comment manœuvrer – sans que son mari le sache - pour se procurer la

            substance qui servirait à endormir Camille, le reste était un jeu d’enfants.

            VII – Gare du Nord, le jour même


            Après avoir renoncé à prendre l’Eurostar qui devait la ramener à Londres, Camille s’installa à la ter-
            rasse d’un café pour réfléchir. Elle se remémora les heures qui avaient précédé : elle n’avait même pas

            essayé de se défendre après le départ des policiers. À quoi bon expliquer l’évidence : c’était le hasard,

            et lui seul, qui l’avait conduite entre les bras d’Alex. Ce qu’elle voyait dans les yeux de ses ex-amies
            était au-delà de l’incompréhension, c’était de la haine ! Elle n’avait plus qu’une hâte : quitter cette

            maison au plus vite. Pauline lui rendit son sac à dos et toutes ses affaires, Camille monta se rafraîchir,
            se changer – elle était encore dans les vêtements prêtés par les randonneurs – et faire sa valise. Sur le

            pas de la porte, elle se retourna une dernière fois pour contempler le sourire triomphant des trois com-
            plices. Adieu leur serment de sororité, quinze ans de fous rires et de complicité, adieu le rêve même

            d’une amitié inaltérable. Leur expérience avait misérablement échoué !

            Assise devant un café noir, Camille n’avait qu’une idée en tête : exercer sa vengeance. Dans sa tête,

            un plan commençait à prendre forme. Pour cela, il fallait qu’elle fasse constater l’agression subie. Elle

            se rendit à l’hôpital ; il fallait faire vite, les traces de drogue s’estompent rapidement. Les analyses
            pratiquées confirmèrent ce qu’elle supposait : elle avait été droguée au GHB, la drogue des violeurs.

            Elle fit également constater ses blessures aux pieds et au dos. Elle se rendit au commissariat de quartier
            le plus proche de la gare et demanda que la plainte déposée à Fontainebleau soit rouverte, certificat

            médical à l’appui. Le témoignage du couple de randonneurs, dont elle donna les coordonnées à la
            police, viendrait renforcer le sien : elle n’avait rien sur elle lorsqu’ils l’avaient retrouvée, or Camille

            se trouvait désormais en possession de ses papiers et de son sac. On l’assura qu’une enquête allait être

            ouverte et qu’on la tiendrait informée des suites qui y seraient données. Cependant, Camille ne comp-
            tait pas attendre pour avancer son premier cavalier sur l’échiquier de sa vengeance.



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