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faire demi-tour et s’installer dans un autre wagon. Elle choisit la seconde solution, elle n’était pas
encore guérie de cette rupture, pourquoi rouvrir la plaie ?
Elle trouva une place trois wagons plus loin, face à la porte, prête à plonger dans un livre si Alex venait
à passer. Le voyage se déroula sans encombre. Camille descendit du train en gare du Nord et se trouva
sur le quai… face à face avec Lilia. Elle était ravie de voir son amie, mais celle-ci semblait un peu mal
à l’aise. Elles se donnèrent rendez-vous le lendemain, il ne fallait pas rompre le pacte. Un pressenti-
ment conduisit Camille à se cacher derrière un kiosque à journaux pour surveiller son amie. Elle vit
Lilia se retourner et, rassurée de ne plus la voir, se diriger vers l’avant du train. Puis, ce fut le choc :
Lilia se jetait dans les bras d’un homme qui n’était autre qu’Alex. Camille était abasourdie, incapable
du moindre mouvement. Elle vit son amie quitter la gare en compagnie de son ex-amant. Quelque
chose avait changé chez lui : il semblait porter tout le poids du monde sur ses épaules. La jeune Lon-
donienne s’écroula au sol, les larmes lui voilant les yeux. La gare était quasi vide lorsqu’elle reprit ses
esprits. Chancelante, elle se releva et prit la direction de son hôtel. Elle avait perdu toute notion du
temps, il était une heure du matin lorsqu’elle se coucha pour une nuit peuplée de cauchemars.
III - Paris, trois jours auparavant
Au petit matin, Camille se réveilla exténuée, les traits tirés ; elle prit une douche et commanda un petit
déjeuner, ce qui lui permit de reprendre un peu ses esprits. Quelle chance y avait-il qu’elle tombe
amoureuse du mari de son amie ? Le pacte d’amitié qui devait les protéger d’une telle situation avait
fait long feu. Devait-elle renoncer à son week-end sous un prétexte quelconque ? Ni Alex ni Lilia ne
l’avaient vue les épier ; elle se décida finalement à rejoindre ses amies. Elle commanda un taxi, se
maquilla soigneusement pour effacer les marques de sa nuit sans sommeil et descendit régler sa note.
Une heure trente plus tard, elle approchait de Fontainebleau et ses certitudes commençaient à vaciller.
Avait-elle fait le bon choix ? Allait-elle pouvoir faire illusion, dans la maison même de celui qui par-
tageait ses nuits si peu de temps auparavant ? Il était trop tard pour reculer. À Dieu vat !
Les retrouvailles avec ses amies furent chaleureuses et joyeuses. La première journée était toujours
consacrée à se raconter l’année écoulée. Camille se laissa entraîner dans le sillage de bonne humeur
du groupe, essayant cependant de ne pas se retrouver en tête à tête avec Lilia. Elle sut se montrer ravie
lorsque son amie leur raconta son bonheur familial, insistant sur le rôle qu’y jouait son mari, paré de
toutes les qualités. Camille aurait voulu secouer Lilia, qu’elle se réveille de ce rêve. N’était-ce pas le
rôle d’une amie ? Mais dans sa situation, elle ne pouvait naturellement rien dévoiler. Jade parla du
métier très prenant de son mari ; médecin anesthésiste, il était souvent sollicité. Elle était en congé
parental après la naissance de son petit dernier. Puis ce fut au tour de Pauline d’évoquer son travail
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