Page 63 - tmp
P. 63

faire demi-tour et s’installer dans un autre wagon. Elle choisit la seconde solution, elle n’était pas

            encore guérie de cette rupture, pourquoi rouvrir la plaie ?

            Elle trouva une place trois wagons plus loin, face à la porte, prête à plonger dans un livre si Alex venait

            à passer. Le voyage se déroula sans encombre. Camille descendit du train en gare du Nord et se trouva
            sur le quai… face à face avec Lilia. Elle était ravie de voir son amie, mais celle-ci semblait un peu mal

            à l’aise. Elles se donnèrent rendez-vous le lendemain, il ne fallait pas rompre le pacte. Un pressenti-
            ment conduisit Camille à se cacher derrière un kiosque à journaux pour surveiller son amie. Elle vit

            Lilia se retourner et, rassurée de ne plus la voir, se diriger vers l’avant du train. Puis, ce fut le choc :
            Lilia se jetait dans les bras d’un homme qui n’était autre qu’Alex. Camille était abasourdie, incapable

            du moindre mouvement. Elle vit son amie quitter la gare en compagnie de son ex-amant. Quelque

            chose avait changé chez lui : il semblait porter tout le poids du monde sur ses épaules. La jeune Lon-
            donienne s’écroula au sol, les larmes lui voilant les yeux. La gare était quasi vide lorsqu’elle reprit ses

            esprits. Chancelante, elle se releva et prit la direction de son hôtel. Elle avait perdu toute notion du

            temps, il était une heure du matin lorsqu’elle se coucha pour une nuit peuplée de cauchemars.

            III - Paris, trois jours auparavant

            Au petit matin, Camille se réveilla exténuée, les traits tirés ; elle prit une douche et commanda un petit

            déjeuner, ce qui lui permit de reprendre un peu ses esprits. Quelle chance y avait-il qu’elle tombe
            amoureuse du mari de son amie ? Le pacte d’amitié qui devait les protéger d’une telle situation avait

            fait long feu. Devait-elle renoncer à son week-end sous un prétexte quelconque ? Ni Alex ni Lilia ne
            l’avaient vue les épier ; elle se décida finalement à rejoindre ses amies. Elle commanda un taxi, se

            maquilla soigneusement pour effacer les marques de sa nuit sans sommeil et descendit régler sa note.

            Une heure trente plus tard, elle approchait de Fontainebleau et ses certitudes commençaient à vaciller.

            Avait-elle fait le bon choix ? Allait-elle pouvoir faire illusion, dans la maison même de celui qui par-

            tageait ses nuits si peu de temps auparavant ? Il était trop tard pour reculer. À Dieu vat !

            Les retrouvailles avec ses amies furent chaleureuses et joyeuses. La première journée était toujours

            consacrée à se raconter l’année écoulée. Camille se laissa entraîner dans le sillage de bonne humeur
            du groupe, essayant cependant de ne pas se retrouver en tête à tête avec Lilia. Elle sut se montrer ravie

            lorsque son amie leur raconta son bonheur familial, insistant sur le rôle qu’y jouait son mari, paré de
            toutes les qualités. Camille aurait voulu secouer Lilia, qu’elle se réveille de ce rêve. N’était-ce pas le

            rôle d’une amie ? Mais dans sa situation, elle ne pouvait naturellement rien dévoiler. Jade parla du
            métier très prenant de son mari ; médecin anesthésiste, il était souvent sollicité. Elle était en congé

            parental après la naissance de son petit dernier. Puis ce fut au tour de Pauline d’évoquer son travail


                                                            3
   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68