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Cette dernière était abasourdie par les déclarations de Lilia, trop choquée pour pouvoir ne serait-ce que

            protester. Les deux agents les laissèrent en recommandant à Camille d’éviter de  faire des vagues à
            l’avenir, la police avait bien assez à faire avec les malfrats. Ils lui souhaitèrent, avec un clin d’œil, de

            reprendre ses esprits et surtout de consulter un médecin. Et Camille se retrouva seule à affronter Lilia,
            Jade et Pauline. Elles lui intimèrent l’ordre de rester assise, elles avaient encore beaucoup à lui dire.


            VI – Fontainebleau, trois mois auparavant

            Lilia avait commencé à avoir des soupçons concernant Alex au mois de décembre l’année précédente.

            Elle avait pour habitude de l’appeler de temps en temps à son hôtel, lorsqu’elle n’arrivait pas à le
            joindre sur son téléphone portable. Un soir, on lui annonça qu’il y avait un mois qu’il n’y avait pas

            séjourné. Au retour d’Alex le week-end suivant, elle inspecta ses vêtements, un cheveu roux attira son
            attention, un léger parfum également, qui lui rappelait vaguement quelque chose. Le doute s’était ins-

            tallé. Elle lui parla de son appel à l’hôtel, il répondit qu’il en avait changé et avait oublié de le lui dire.

            Il se montra sincèrement désolé et lui offrit des fleurs pour se faire pardonner. Un mois passa pendant
            lequel Lilia ne remarqua rien de nouveau.


            Puis, elle constata qu’Alex passait de plus en plus de temps à Londres, ses trois jours par semaine se
            transformèrent le plus souvent en quatre puis cinq jours. Elle l’interrogea ; on lui avait confié une

            nouvelle mission, qui demandait une présence outre-Manche plus fréquente : il avait réponse à tout.
            Jusqu’à cet appel téléphonique, un dimanche en fin d’après-midi, qu’Alex prit en s’isolant dans son

            bureau, contrairement à ses habitudes. Lilia écoutait derrière la porte. Il avait repris cette voix si douce,
            si apaisante - cette voix qu’elle n’avait pas entendue depuis longtemps - il se disait tellement désolé,

            c’était difficile de perdre son père, surtout dans de telles circonstances et qu’il serait à Saint Pancras

            pour l’accueillir, juste après l’enterrement.

            Tout cela n’avait encore aucun sens pour Lilia. Avec qui conversait-il ?

            Il lui fallut attendre le lendemain pour que les pièces du puzzle s’assemblent. Elle découvrit dans le

            journal l’avis de décès du père de Camille. Tout concordait, la date, ce cheveu roux, Londres, un par-

            fum qui tout à coup lui revenait en mémoire. Son ’amie’ Camille avait pris son mari pour amant !

            Lilia attendait Alex de pied ferme à son retour de Londres le vendredi suivant. Devant les preuves
            accumulées, il dut rendre les armes et fut sommé de faire un choix : continuer à voir ses enfants et

            renoncer à Camille ou quitter sa famille pour elle. Il savait que la sanction, s’il choisissait la seconde

            solution, serait que Lilia emmènerait sa fille et son fils vivre chez ses parents, au Maroc. Elle ferait
            alors tout ce qui serait en son pouvoir pour l’empêcher de les voir, la législation marocaine n’était pas

            en faveur du mari fautif. La raison orienta sa décision, il promit de ne plus revoir Camille. Ce fut Lilia

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