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d’avocate auprès de femmes victimes de violences. Ses amies la félicitèrent pour son engagement.
Quand Camille prit la parole, ce fut pour raconter ses désillusions au travail et le deuil de son père,
passant naturellement sous silence son aventure avec Alex. Elle était la seule des quatre à ne pas avoir
fondé une famille, non par choix, mais parce qu’elle n’avait pas encore trouvé le candidat idéal. Ses
amies lui enviaient souvent sa liberté : prendre, sur un coup de tête, un vol pour New York ou Bali,
sortir, danser, boire plus que de raison et mener sa vie à sa guise. La jolie rousse, pour sa part, aurait
aimé être à leur place, dans la sécurité d’un foyer.
Elles déjeunèrent sur la terrasse ; Lilia avait une maison magnifique entourée d’un grand jardin om-
bragé. Après le repas, la fatigue prit le dessus et Camille s’assoupit sur un transat. Lorsqu’elle se ré-
veilla, elle était seule. Jade lui avait laissé un mot : « Retrouve-nous au bar du château à seize heures. »
Elle avait quarante-cinq minutes devant elle qu’elle décida de consacrer à visiter la maison de fond en
comble, cherchant les traces de celui qu’elle pensait si bien connaître. Elle trouva sans difficulté la
chambre parentale et se laissa guider par le parfum d’Alex vers sa penderie, plongeant le visage au
milieu des vêtements familiers. Dans la salle de bains, elle aperçut le vieux tee-shirt qu’il aimait porter
au réveil. Les larmes affluèrent.
L’heure du rendez-vous approchant, Camille se prépara rapidement, essayant de se composer un visage
reposé. Elle était sur le point de quitter la maison, lorsque, prise d’un élan incontrôlable, elle courut à
nouveau dans la chambre, trouva un petit bout de papier dans son sac à main et rédigea à la hâte un
message : « Maintenant, je sais qui tu es. » Elle ne le signa pas et le glissa dans la poche du costume
préféré d’Alex.
L’après-midi fut joyeux et bien arrosé, les parties de billard dans l’arrière-salle du café les ramenèrent
à leurs années de fac. En rentrant, elles finirent leur journée dans la piscine, jouant et s’éclaboussant
comme des enfants, puis profitant de la chaleur estivale, elles dînèrent en plein air. À deux reprises,
Camille surprit ses amies faisant des messes basses. Que pouvaient-elles donc se raconter qui ne puisse
être partagé avec elle ? Elle se dit que la fatigue la rendait suspicieuse et tâcha de profiter de son week-
end. Vers minuit, Lilia répartit les chambres, Camille découvrit une jolie pièce mansardée, appartenant
sans nul doute à une petite fille. Elle se coucha dans le lit étroit et s’endormit très vite.
IV - Fontainebleau, deux jours auparavant
Le lendemain était le jour de la randonnée, un soleil radieux éclairait sa chambre à son réveil. Elle se
prépara tranquillement avant de descendre prendre son petit déjeuner avec ses amies. Seule Pauline
n’était pas encore levée, elle se fit sortir du lit à grand renfort de rires et de chahut. La journée s’an-
nonçait bien. La préparation du pique-nique les occupa pendant la demi-heure qui suivit le repas, puis
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