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N° 40 Histoire d’une jeune personne qui se cherchait
Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles qu’elle
avait considérées ses amies. Un malaise persistait en elle. Ses pensées furent interrompues par
l’arrivée du train. La porte s’ouvrit, elle mit un pied sur la première marche, leva la tête et s’arrêta
brusquement. Elise ! Redescendit sur le quai, ne quittant pas des yeux Elise, resplendissante dans
une robe d’été jaune, sandalettes et bandana de la même couleur, qui lui lança, un sourire aux
lèvres,
— On se connaît ?
— Elise, je ne me trompe pas ? Mathilde Langlois, collège Jacques Emile Blanche.
— Ah, excuse-moi, je ne t’aurais pas reconnue, ça fait tellement longtemps.
La belle Elise fut aussitôt enlacée par un homme qui l’embrassa avec fougue.
Percevant soudain l’annonce ‘Attention à la fermeture automatique des portes, attention au
départ’, Mathilde monta, chancelante, avança vers sa place réservée et s’assit. Appuya la tête sur
le dossier, ferma les yeux.
Jour de rentrée de septembre, classe de troisième. Envoûtée. Par la nouvelle élève.
Des fourmillements dans le ventre, Mathilde garde les yeux rivés sur elle. Cheveux blonds en
cascade jusque dans le bas du dos, yeux verts, expression légère et déterminée en même temps.
Elise s’intègre rapidement, filles et garçons la trouvent drôle, bonne copine, sportive – ça plait
aux garçons –, folle de fringues – ça plait aux filles. Mathilde est bien la seule à ne pas
l’approcher. Mathilde est amoureuse, elle l’a compris et s’en défend. A bien vu la différence avec
les deux flirts qu’elle a eus avec des garçons, en quatrième. Là, c’est fort, le corps et l’esprit sont
emportés. Elle est paralysée. Paralysée parce qu’elle ne sait pas quoi faire de cet amour. Elle ne
sait même pas si l’homosexualité lui pose problème ou pas. Le problème est ailleurs. Elle ne va
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