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j’ai pas un look d’homme non plus, pas vrai ? Et j’aime pas trop l’univers des hommes, j’aime

pas le foot, les motos et les voitures, j’aime pas leur manque de finesse, leurs blagues sur les

femmes, je ne me reconnais pas dans les mecs. Ca, c’est ce que j’ai dit aux psy que j’ai consultés.
Pourquoi j’ai dit ça ? Les psy travaillent à partir de ce que tu leur dis, m’ont donc dit que je me

fourvoyais, que c’était parce que j’étais lesbienne que je croyais être homme. Regardez-vous,
vous êtes féminine, vous portez des jupes, vous avez des centres d’intérêt plutôt féminins, la

lecture, le tricot et la couture, vous m’avez dit que vous préférez la compagnie des femmes à celle

des hommes. J’aurais tout aussi bien pu dire que je ne regarde pas mon corps, ne m’en occupe
pas, coiffe mes cheveux en queue de cheval parce que c’est pratique, ne sais pas pourquoi je porte

des jupes et que je m’en fiche, que je passe des heures sur internet à éplucher tout ce qui se dit sur
la trans-identité, que je n’en peux plus, que je me drogue de romans policiers et de science fiction,

qui ne sont pas mes genres littéraires préférés, juste en quête d’évasion, que je calme mes

angoisses en courant au parc de la Tête d’Or et que pour trouver le sommeil, en plus du somnifère,
je me shoote à la musique dans les oreilles.

Elle se tut un long moment. Il semblait attendre sans impatience.
— C’est quoi le masculin ? T’es comment toi ?, en le regardant droit dans les yeux, comme si elle

se rappelait tout d’un coup qu’elle s’adressait à quelqu’un.
— J’aime le foot, mais pas les motos et les voitures. D’ailleurs je n’en ai pas, je me déplace à

vélo et en transports en commun. J’aime presque tous les sports. Je suis sportif, tennis, vélo,

course à pied. J’aime aussi la lecture et la musique. Et au fait, tu as compris je pense, je ne te
draguais pas, j’avais envie d’échanger, c’est une habitude que j’ai, échanger avec des inconnus, je

trouve ça enrichissant. Et aujourd’hui, quelle belle rencontre ! C’est la première fois que je parle
à une personne en quête de son identité, je peux dire ça comme ça ?

— Ouah ! J’en reviens pas. T’es cool toi.

— T’as pas rencontré les bonnes personnes, il me semble. Tous les mecs ne sont pas des brutes.
— Les seuls hommes sensibles que j’ai vus sont trans. Ils ont gardé une part de féminité, à mon

avis. Faut dire que, sauf durant l’enfance, j’ai toujours préféré la compagnie des filles et c’est
peut-être ancré en moi.

— Mais alors, si les hommes trans sont des gens bien, ça devrait t’encourager à franchir le pas.

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