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Je ne sais toujours pas pourquoi je me suis levée car j’étais épuisée. Il m’a prise par la main et je l’ai
suivi, à moitié réveillée. On s’est assis sur le canapé et soudain, j’ai eu froid.
-Bon, tu voulais me dire quoi ? lui ai-je demandé.
-Tu vois Sofia, je n’arrive pas à dormir, je pense trop à toi. Ecoute, ce soir j’étais vraiment bien avec toi,
tu me plais, oui, tu me plais beaucoup. Et puis quand je pense qu’on va se séparer tout à l’heure, non, je
ne peux pas te quitter comme ça, j’ai envie de toi. Très envie de toi…
A ce moment-là, je sursautai, une nouvelle fois, et je le stoppai net :
-Eh oh, tu crois que c’est l’heure des déclarations d’amour ? Là, maintenant, moi, je n’ai qu’une envie,
c’est de retourner dormir. Moi aussi, je t’aime bien, mais je n’ai pas envie de coucher avec toi ! Allez,
arrête de délirer, tu as trop bu ce soir ! Bonne nuit !
Je tentai de me lever mais Nicolas m’en empêcha. Il attrapa mon visage et m’embrassa sur la bouche. Je
ne pouvais plus parler. Il s’allongea sur moi. Je ne pouvais plus bouger. Puis il mit une main sur ma
bouche et avec l’autre, il souleva mon T-shirt puis baissa mon slip…
C’est à cet instant-là, je crois, que je me suis dédoublée. D’un côté, un Moi intérieur hurlait en silence
de la violence de cette situation. De l’autre, mon Moi extérieur, enveloppe charnelle, corps glacé,
pétrifié s’était détaché de mon esprit. Ce fut une éternité de quelques minutes.
Soudain, je ne ressentis plus de pression sur mon ventre. Nicolas, s’était relevé, à califourchon sur mes
jambes, il souriait bêtement, l’air satisfait. Il se pencha pour m’embrasser dans le cou, sur le front, sur la
bouche… Non ! Pas sur la bouche, c’en est trop ! pensais-je. En un instant, mon corps et mon esprit se
réunifièrent. Je le repoussai d’un geste puissant, si brusquement qu’il partit en arrière et se cogna la tête
contre la table du salon.
Bruit sourd, gémissement, silence. Je le regardai et vis sa poitrine se soulever. Ouf, il n’est pas mort, il
n’est qu’assommé ! J’ai regagné ma chambre en mode zombie, allumé la lumière et, au prix d’un gros
effort, j’ai réussi à articuler :
-Eh, les filles, s’il vous plait, aidez-moi !
Trois paires d’yeux s’ouvrirent péniblement les unes après les autres.
-Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? Tu es toute blanche… Pourquoi tu pleures ? demanda Claire.
-C’est à cause de Nicolas. Il est là-bas, dans le salon, je l’ai assommé. Je crois qu’il a trop bu…
-Qu’est-ce qu’il a fait ? Il t’a…
Je fis un signe affirmatif de la tête.
D’un bond, mes trois amies m’entourèrent, m’embrassèrent, me prirent dans leurs bras : l’amitié
réconforte, je me sentais prête à retourner dans le salon. Lorsque nous y arrivâmes, Nicolas était assis
sur le tapis, le dos appuyé contre la table basse, il se frottait l’arrière du crâne. Son pantalon et son slip
étaient encore descendus sur ses jambes. Il me sembla pitoyable.
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