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Mais aucune remarque ne pouvait ébranler cette admiration amoureuse. Je me sentais tout simplement

            bien à côté de lui. Et lui, avec ses mots et ses gestes tendres, semblait ressentir la même chose. De plus
            l’amitié se renforçait au sein du groupe et tout le monde, filles comme garçons, avait le sentiment de

            vivre des instants forts, animés d’une sorte d’urgence à profiter d’une vie que l’on découvrait fragile.


            Le 31 décembre 1999 arriva, fin d’année, fin de siècle, passage de millénaire. Quelle affaire !
            Le réveillon se devait d’être à la hauteur de l’évènement et de la fête !

            Courses au supermarché, préparation du repas, passage dans la salle de bains, petit maquillage pour les
            filles et vers 20 h, dernier apéro du XXe siècle ! Les bières, commencées dès l’après-midi, le punch, la

            vodka, il faut avouer que nous avions bien arrosé ce réveillon-là…L’ambiance était décontractée et

            festive, l’amitié bruyante et tactile. On a dansé et chanté, bu et mangé. Vers 11h30, nous avons entendu
            les premiers bangs d’un feu d’artifice. Nous sommes sortis sur le balcon pour le regarder, serrés les uns

            contre les autres, dans le froid de la nuit. Il était assez loin mais les explosions colorées et scintillantes
            étaient parfaitement visibles de notre poste d’observation.


            C’est alors que les garçons, passablement excités, décidèrent d’uriner à travers les barreaux du balcon

            avant de rentrer dans la maison.
            -Ouais, on va faire un concours nocturne de « jet de pissette » a dit Paul. De toute façon, vous les filles,

            vous nous reprochez toujours de salir les toilettes !
            - Vous êtes vraiment tarés, les mecs ! s’était offusquée Laure.

            Nous étions parfaitement d’accord avec elle et Lucie a ajouté :
            -Bon, on ne va pas rester regarder le résultat ! Mais demain, il faudra penser à nettoyer la terrasse. Je ne

            veux pas d’histoires avec ma tante, ok les gars ?

            Les garçons à peine rentrés, nous avons crié : « Minuit, il est minuit ! » Cris et baisers. Euphorie douce.
            Nicolas m’attira contre lui et m’embrassa plusieurs fois. C’était doux, c’était flatteur, je comptais pour

            quelqu’un et je me laissai faire.

            -On se reverra, ça c’est sûr, je ne te lâche pas comme ça… me chuchotait mon Don Juan

            On remit de la musique, on se déhancha sur les rocks, on se serra sur les slows. Puis la fatigue se faisant

            sentir ainsi que les effets de notre consommation d’alcool, à laquelle nous n’étions pas habitués, eurent
            raison  de  notre  énergie.  Vers  quatre  heures  du  matin,  nos  yeux  se  fermaient  de  plus  en  plus  en

            fréquemment, on s’endormait les uns après les autres, les uns contre les autres, dans des positions pas
            toujours très confortables. Décision prise d’aller se coucher.

            Nuit ensommeillée et profonde. Je sentis soudain un contact sur mes joues, mon cou, mes cheveux. Je

            me réveillai en sursaut. Ce contact, c’étaient des caresses. Nicolas était assis sur le lit près de moi, dans
            le noir. Je le reconnus à son odeur et à sa voix quand il murmura :

            -Viens, Sofia, viens avec moi, j’ai un truc à te dire…


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