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enveloppe en papier kraft qu’elle remit rapidement à l’homme. Puis elle regagna sa
               place, le doudou en main. L’homme rangea le document dans sa serviette.

                      Soudain,  le train s’arrêta en rase campagne. Sarah ouvrit les yeux. Combien
               de  temps avait-elle dormi ?  Comme si elle avait entendu ce qui la tracassait, la

               femme lui dit :

                      -      Vous avez à peine dormi … vingt minutes environ…  pas comme notre
                      petit Paul qui dort encore !

               Sarah vit l’enfant à côté d’elle. Elle sourit à la femme, et ajouta :

                      -      Il est mignon … il a quel âge ?
                      -      Deux ans et demi.

               On entendit alors des hommes vociférer. Sarah regarda par la fenêtre. Et elle  les vit.
               Une douzaine d’hommes coiffés du béret,  sanglés dans leur veste avec leur insigne

               infâme, se répartissaient les wagons à contrôler. L’un d’entre eux ouvrit la porte du
               compartiment et contre toute attente salua les voyageurs.

                      -      Bonjour mesdames, monsieur ! Papiers s’il vous plaît.

               L’homme se leva, fit le salut nazi et parla en allemand à sa femme. Le milicien était
               impressionné. Il ne voulait  pas causer  d’ennuis à  de bons Allemands. Il  arrêta le

               geste de la femme qui fouillait dans  son sac à la recherche des papiers d’identité. Le
               petit garçon se réveilla.  Sa mère le  prit dans ses  bras  et chanta   à  nouveau  tout

               doucement. Schlaf kindlein, schlaf…  Le milicien se tourna alors vers Sarah.
                      -      Vos papiers,  Mademoiselle !

                      -      Euh, oui Monsieur, voilà… répondit Sarah qui s’efforçait de maitriser le

                      tremblement de sa main.
               Le Milicien lut à voix haute : Mademoiselle Brigitte Garnier …

               Puis il questionna :

                      -      Où sont vos bagages ?
               Sarah crut défaillir. Quelle idiote ! Elle aurait dû se débarrasser des documents ou

               même de la valise tout entière. Mais elle ne pouvait plus reculer et  s’accroupit pour
               sortir la valise de dessous la banquette.

                      -      Je n’ai que cette valise.
                      -      Dépêchez-vous de l’ouvrir, ordonna le milicien.

               Sarah avait  beau se dire qu’elle connaissait les risques encourus et qu’elle ne

               regrettait rien, elle revoyait le visage de sa mère et des larmes lui vinrent aux yeux.
               Elle les refoula en toussant et dit à voix haute :




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