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- Cette poussière sous la banquette … Ca me fait tousser ! Et j’ai les
yeux tout irrités ! Ils pourraient nettoyer quand même !
Le milicien haussa les épaules. Il fouilla la valise et tâta le fond. Sarah retenait son
souffle. L’enveloppe était très plate, dissimulée par une bande de tissu cartonné qui
laissait croire qu’il n’y avait rien dessous. Elle toussa à nouveau pour se donner une
contenance. Le milicien lui dit qu’il était désolé mais qu’il allait devoir vérifier quelque
chose. Il prit un couteau et déchira la doublure. Et Sarah tomba dans les pommes.
Quand elle revint à elle, le train avait pris de la vitesse et le bleu du ciel était si
pur, si beau qu’elle se demanda si elle n’avait pas rêvé. Elle était seule dans le
compartiment. Où donc était passé le couple avec l’enfant ? Et sa valise ? Où était
sa valise ? Elle se pencha sous la banquette et la vit. Le fond était déchiré. Les
tracts n’étaient plus là, les documents avaient disparu ! Le train ralentit ; on arrivait
en gare de Marseille-St-Charles. Qui avait pris l’enveloppe ? Sarah referma la valise
tandis que son inquiétude grandissait. Elle se leva et aperçut le doudou à ses
pieds. Elle le ramassa machinalement. Le gros ventre rose était déchiré. On y avait
glissé un morceau de papier Elle le sortit, le déplia et lut :
« Julien vous salue bien. Il a reçu votre jolie lettre dans son enveloppe et vous
remercie. Petit Paul a oublié son doudou dans le train. Les parents lui en achèteront
un autre. »
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