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vomir, ou si elle commençait une sorte de crise d’épilepsie. Un des soldats se pencha pour

               l’aider à se relever, et c’est là que tout partit en vrille. La fille avait basculé sur le côté, et asséna
               un violent coup de pied au visage du garde. On entendit craquer. Les deux autres filles s’étaient

               jetées sur le second soldat, tétanisé à la vue de son collègue gisant, nuque brisée, sur le sol du
               fourgon : la première lui décocha un coup de genou dans les parties génitales, suivi d’un autre

               au visage quand il se plia en deux, après quoi la deuxième lui fit rapidement les poches et en
               sortit la clef des menottes. On aurait dû les leur passer dans le dos lors de la rafle, mais on ne

               se méfie jamais assez des jeunes filles. Celle qui avait pris les clefs libéra d’abord ses deux

               compagnes, et finalement Laura, qui était la seule à être menottée à son siège. L’auteure des
               coups de genou s’était emparée du M16 du soldat mort. Elle cogna l’extrémité du canon contre

               la vitre qui la séparait du chauffeur, et le mit en joue. Julia se demanda si la vitre était blindée
               ou pas. Le chauffeur arrêta le fourgon, leva les mains en l’air, et la fille lui tira dans la nuque :

               Julia avait sa réponse, la vitre n’était pas blindée. Les trois filles sautèrent hors du fourgon,
               tandis que Julia restait tétanisée sur son siège. L’une des trois se retourna vers elle, et cria Allez,

               saute, putain, qu’est-ce que tu fous ? Julia sauta. Des fenêtres s’étaient éclairées, une femme les

               regardait, figée sur son balcon, un homme criait d’appeler la police. Julia avait suivi les trois
               filles, elles dévalaient à présent une rue pavée qui descendait perpendiculairement au boulevard.

               Il avait plu, le sol était glissant, mais pas question de ralentir. Julia avait couru sur deux mille

               mètres dans sa jeunesse et elle s’entraînait encore aujourd’hui même si elle ne faisait plus les
               mêmes chronos qu’à l’époque, les autres filles n’étaient pas mauvaises non plus, c’était rien de

               le dire, elles arrivèrent au bout de la rue pavée, Julia commençait à avoir le souffle court, elle
               entendait la respiration des autres filles, de plus en plus bruyante et hachée, mais ce n’était pas

               le moment de faiblir, la chasse était probablement déjà lancée, celle qui courait en tête ralentit
               un peu pour s’orienter, les lampadaires étaient éteints dans cette partie de la ville, la faute aux

               restrictions, il fallait en profiter, elles accélérèrent de nouveau et leur trace se perdit dans le

               dédale des ruelles.
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               Elles avaient passé deux jours et deux nuits dans une planque de l’Organisation, au dernier

               étage  d’un  immeuble  abandonné  de  la  vieille  ville.  Les  filles  faisaient  partie  d’un  groupe
               d’activistes qui avait revendiqué une série d’attentats dans des cliniques pratiquant l’exérèse

               systématique. Autant dire que sans leur évasion du fourgon cellulaire, elles auraient été bonnes

               pour le garrot dans un sous-sol du ministère des Libertés Publiques ! L’une des trois filles, celle
               qui avait simulé une crise d’épilepsie dans le fourgon, réveilla Julia qui avait fini par s’endormir



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