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– Je suis guérie, je suis guérie !
Elle m’a soufflé, comme un secret
– Regarde mon petit, regarde cette locomotive, ma locomotive, c’est toute ma vie. Comme elle est
belle, avec ses pistons en action, sa vapeur, panache sur nos campagnes aux ajoncs colorés,
toujours elle va de l’avant, comme une vie, comme ma vie, comme notre vie. Tous mes souvenirs
sont là, les bons et les mauvais. Tu lui diras au chauffeur, quand tu le verras, que j’étais un peu
amoureuse de lui, tu lui diras... Promis ?
Elle s’est affaissée, me regardant fixement :
– Mon petit, profite de la vie, profite, voyage, monte à ton tour dans ma loco « Ar March’Du ».
Mamm n’était plus…
Le train est reparti. Un jour, il ne passera plus dans nos campagnes entre Pont-l’Abbé et
Plobannalec-Lesconil. Je ne peux prendre le TGV sans penser à cette vieille dame, cette vieille
« Mamm », qui ne se souvenait que de ses amies, de ses amours, jusqu’à la dernière marche,
jusqu’au dernier tour de roue. Alors, dans ma tête, un seul nom résonne « Ar March’Du, Ar
March’Du ».
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