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de quelques millions. Et surtout, quel confort pour les femmes, que de maladies évitées !

                      Franchement, c’est du gagnant-gagnant !
               Julia était tellement énervée qu’elle en oubliait toute prudence. Elle en bégayait presque :

                   -  Vous mutilez inutilement des milliers de femmes ! Une de mes amies est morte sur la
                      table, pendant qu’elle était charcutée par un étudiant en deuxième année de médecine,

                      tout ça parce qu’on s’était aperçu qu’elle avait un fils daltonien !
               Cette fois, le fonctionnaire avait perdu son sourire bonhomme.

                   -  Très bien, Madame. Puisque nous en sommes là… Croyez-vous nécessaire d’être Bac

                      + 15 et de greffer des cœurs pour réaliser une ovariectomie ? C’est un simple geste
                      technique, qui ne demande pas de compétence spéciale. L’intervention d’un chirurgien

                      ne jouerait qu’à la marge sur les taux de complications, et ne se justifierait pas en termes

                      de rapport bénéfice/risque - surtout dans les populations des sphères B et C.
               Il avait appuyé sur un bouton dissimulé derrière une pile de dossiers et moins d’une minute plus

               tard,  deux  soldats  faisaient  irruption  dans  la  pièce.  Le  fonctionnaire  désigna  Julia  d’un
               mouvement de tête :

                   -  Messieurs, le transpondeur de cette dame n’est pas lisible. Il ressort de l’entretien que
                      je viens d’avoir avec elle qu’il a sans doute été volontairement désactivé, dans le but de

                      se soustraire à une ECPOS. Il faudra lui programmer l’intervention au plus tôt, je pense

                      qu’il doit rester des places pour la semaine prochaine ; d’ici là, je la confie à vos bons
                      soins. Au revoir, Madame.

               Julia aurait voulu demander au fonctionnaire quand est-ce qu’on les lui coupait en prévention
               d’un cancer de la prostate, mais déjà les soldats l’avaient saisie sous les aisselles et l’entraînaient

               sans ménagement hors de la pièce. Après dix minutes de déambulations le long d’interminables
               couloirs où résonnait le bruit des bottes, le trio débouchait dans une cour cernée de hauts murs

               où les attendait un fourgon blindé, moteur tournant et feux éteints.


                                                           ***


               Le fourgon filait à toute allure le long de l’avenue. Le vacarme de la sirène était assourdissant,
               et les façades des immeubles se coloraient en bleu, au gré des rotations du gyrophare. Menottée

               à son siège, encadrée par deux gardes armés, Julia était terrorisée. Les trois filles assises sur la
               banquette en face semblaient aussi crever de trouille. Il y eut un cahot, on avait dû passer dans

               un nid de poule, et l’une des filles tomba à genoux dans l’allée centrale. Tout le haut de son

               corps était secoué de spasmes, de plus en plus violents : on ne savait pas si elle allait seulement



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