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-  À moi aussi, elle me manque beaucoup. Avoua le vieil homme. Il n’y a pas une seule
                      journée qui passe sans que je ne pense à ma belle Hélène.


               À l’énonciation de ce surnom, le souffle de l’infirmière se coupa.

                   -  Attendez… Ne me dites pas que vous êtes …


               Les pièces du puzzle se mirent enfin en place dans la tête de Talia. L’immeuble. Marie. Son

               mari hospitalisé à domicile après un tragique accident en mer. La réalité frappa la femme de
               plein fouet. Mais comment n’avait-elle pas compris plus tôt ? Cet homme, c’était Georges,

               l’époux de Marie.  Le premier et dernier homme qu’elle eut  aimé dans sa vie.  Georges, le
               vaillant marin dont Marie contait mille récits, et qui avait traversé la moitié du monde pour

               vivre aux côtés de sa dulciné. Son « Ulysse » comme elle aimait si bien l’appeler. Georges, ce

               vieux loup de mer, battu par l’océan, et amarré dans son appartement depuis plusieurs années
               maintenant.


                   -  Vous êtes Georges. Le Georges de Marie.
                   -  En chair et en os. Enfin, du moins, ce qu’il en reste.


               Le vieil homme tenta  une pointe d’humour, qui ne cachait malheureusement pas sa triste
               condition. Marie avait expliqué à Talia ce qu’il s’était passé le jour de l’accident, la tempête

               survenue de nulle part, les vagues immenses qui ont déferlé sur le pauvre petit bateau et son

               équipage. Elle lui avait aussi parlé des souffrances à répétitions de Georges, et de sa lente
               descente aux enfers. D’un homme robuste, marin aventurier et voyageur intrépide, il n’était

               devenu que l’ombre de lui-même, un navire errant, ancré à des machines qui le maintenaient
               en vie. Son phare à lui, c’était Marie, la seule source de lumière qui le guidait dans ces flots

               de médicaments et l’empêcher de chavirer. Mais cela allait bientôt faire un an que sa belle

               avait lever l’ancre,  et  que Georges fixait désespérément l’horizon,  en espérant  qu’elle
               revienne le chercher.


               Talia portait un regard nouveau sur  cet homme dont Marie lui avait contait monts et
               merveilles. Mais le vaillant guerrier qu’elle lui avait décrit semblait avoir baissé les armes à

               présent. Étrangement, elle était tout de même contente d’enfin le rencontrer, et de mettre un
               visage sur le héros de son ancienne compagne de banc.


                   -  Vous savez où ils l’ont amené ? Demanda Georges.

                   -  Qui ? Marie ?
                   -  Oui.


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