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pour ses allergies au pollen. Ces dernières tendaient à s’empirer avec le printemps qui pointait
le bout de son nez.
Georges observait ce tourbillon de questions qui monopolisait les pensées de Talia, s’amusant
un peu du spectacle qui se jouait sous ses yeux. Ça faisait si longtemps que personne n’avait
franchi le seuil de cet appartement. Enfin, du moins personne en dehors de cette vieille
sorcière d’assistante de vie qu’on lui avait flanqué coller aux pantoufles.
- Marie. Continua le vieil homme.
- Marie ? Quoi Marie ?
- Vous vous souvenez d’elle ?
Talia farfouilla dans les méandres de sa mémoire, à la recherche d’une dénommée Marie.
- Marie … Marie. La seule Marie que je connais … que je connaissais. Se rectifia-t-elle,
avec une note de peine dans la voix. C’était Madame Ahyola. Elle habitait justement
dans votre immeuble. C’est d’elle dont vous parlez ?
- Elle-même.
- Oui, bien sûre que je me souviens d’elle. Nous passions des heures à papoter toutes les
deux dans la cour de l’immeuble, assises sur le banc en dessous du mimosa. Elle avait
toujours ce grand châle doré qui faisait ressortir ses beaux yeux bleus et qui rappelait
les petits bourgeons qui fleurissaient derrière nous. Elle arborait aussi toujours sur elle
sa petite broche en forme de mouette, que son mari lui avait offert après leur première
traversée en mer. Nous rigolions beaucoup lorsqu’elle me partageait des anecdotes de
sa vie. Mais elle a également été énormément là pour moi quand ça n’allait pas trop
dans ma vie. J’ai été très affectée par son décès au printemps dernier, elle me manque
souvent …
Une voile de tristesse se déposa sur les yeux de Talia. Dire qu’elle a été triste du départ de
Marie serait un euphémisme : la nouvelle l’avait anéanti. La vieille dame avait été un vrai
pilier pour elle, un véritable repère pour la jeune femme. Elle avait mis du temps à s’en
remettre, appréhendant grandement le retour d’un printemps qui lui rappellerait les effluves
du parfum de son amie. Ses dernières insomnies pouvaient d’ailleurs en témoigner. Talia prit
quelques instants pour se remettre de ses émotions, sous le regard attendrie et brillant de
Georges.
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