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- Il doit y avoir une autre solution … Souffla-t-elle.
La jeune femme se sentait totalement perdue. Pourquoi lui demandait-il ça à elle ? En tant
qu’infirmière, ce n’était pas contre la déontologie de son métier, d’aider quelqu’un dans son
dernier voyage ? Elle reconnaissait que les conditions de vie du vieil homme étaient
catastrophiques, voire inhumaines. Mais elle ne pouvait se résigner à le laisser partir. Il était
en quelque sorte la dernière chose qui la rattachait à Marie. Maintenant qu’elle l’avait
rencontré, elle avait ce sentiment égoïste, cet espoir stupide de l’aider à se raccrocher à la vie.
Elle pouvait y arriver. Elle trouverait une solution.
Comme s’il lisait dans ses pensées, Georges ajouta :
- Ce n’est pas ce qu’elle aurait voulu.
- Comment ?
- Marie. Elle n’aurait pas voulu que je croupisse ici, dans ce cagibi. La preuve, vous êtes
là. Je vous en supplie Talia. Ne me laissez pas.
La voix du vieillard devint suppliante tant cette requête lui pesait. Il ne fallait pas qu’elle
refuse. Qu’elle retourne à sa vie d’avant comme si elle n’était jamais entrée dans cet
appartement et qu’elle n’avait jamais entendu son histoire. Il ne fallait pas qu’elle ....
- Je suis désolée Georges, je dois partir.
- Quoi ?
- Je… Je dois y aller. Madame Agathe doit s’inquiéter de ne pas me voir arriver. Je… Je
vais réfléchir à votre proposition. Je ne veux pas prendre de décisions hâtives …
- Talia …
- Je suis désolée …
La jeune femme baissa la tête, honteuse. Puis, sans un regard en arrière, elle reprit le chemin
qu’elle avait emprunté à l’allée et referma la porte derrière elle. Elle s’arrêta sur le palier,
reprit son souffle, et se dirigea vers les escaliers pour se rendre chez sa patiente.
…
[Ellipse du rendez-vous avec Mme Agathe]
…
On sentait que le printemps faisait peu à peu son chemin parmi les magnolias de la résidence.
Talia respira l’air frais à plein poumons. Ce n’était pas vraiment la journée qu’elle avait
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