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- D’ailleurs, l’homme sur la photo n’est pas l’homme que j’ai rencontré au 4 ème  étage dans

            l’immeuble de M. Geoffroy, ajouta triomphalement l’infirmière.
                   - L’homme sur la photo est M. De La Cosserie, ce point est irréfutable !

                   - Peut-être, mais ce n’est pas l’homme qui m’a offert du café au 4 ème  étage !
                   Coup de théâtre ! L’inspecteur Morris était rompu aux interrogatoires de suspects retors qui

            cherchaient à brouiller les pistes. S’il jugeait l’infirmière capable d’un crime passionnel, elle ne lui
            paraissait pas calculatrice et fourbe. Il estima que ses allégations méritaient d’être creusées.

                   -  Décrivez-moi alors l’homme que vous avez rencontré dans l’appartement de M. De  La

            Cosserie.
                   - Il était plus jeune, grand, très brun. L’homme sur la photo est grisonnant, paraît plus large

            d’épaules. L’homme que j’ai vu s’est fait passer pour M. De La Cosserie. Pourquoi ? Qu’ai-je à voir
            dans cette machination ?

                   L’inspecteur Morris perdait petit à petit ses certitudes.  Le mystère s’épaississait.  Il fit
            mentalement le point : « La photo  aurait-elle été  déposée intentionnellement chez M. De  La

            Cosserie ? Serait-elle un montage pour orienter les soupçons sur l’infirmière ? Le café, la carte de

            visite, le scalpel, feraient partie d’une mise en scène pour diriger les accusations sur elle ? J’ai foncé
            tête baissée sur le suspect que l’assassin me désignait. Il faut tout reprendre à zéro en laissant tomber

            la piste de l’infirmière. Qui pouvait souhaiter la mort de M. De La Cosserie ? Sa femme ? Il fallait

            plutôt chercher dans le monde des affaires, M. De La Cosserie y faisait figure de requin féroce. Si
            l’homme qui a offert du café  à l’infirmière n’est pas M. De  La Cosserie, qui est-ce ? Je dois le

            retrouver. »
                   -  Madame,  donnez-moi des détails sur l’homme que vous avez rencontré chez M. De La

            Cosserie, dit l’inspecteur sur un ton adouci.
                   A part la description sommaire qu’elle avait déjà donnée, elle ne put rien ajouter concernant

            sa malheureuse incursion chez le voisin de son patient, elle se souvenait surtout de son état

            d’épuisement et de sa culpabilité d’avoir perdu du temps ce matin-là pour un café alors qu’elle avait
            une journée chargée. Pourquoi n’avait-elle pas tourné les talons aussitôt qu’elle s’était aperçue de sa

            méprise ? Elle le regrettait amèrement aujourd’hui.
                   - Nous allons poursuivre l’enquête. Je vous tiens au courant.


                   Elle fut convoquée quelques temps après dans le bureau de l’inspecteur Morris et se préparait

            à recevoir de nouvelles révélations dont elle aurait à se défendre. Lesquelles ? Elle s’attendait à tout.

                   - Nous allons vous mettre en présence d’un homme que nous suspectons être le meurtrier de
            M. De La Cosserie. Ne vous alarmez pas, vous n’avez pas à redouter la vision d’un sinistre tueur à

            gages tatoué et balafré. Nous avons enquêté dans le milieu où évoluait M. De La Cosserie et ressorti
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