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Enfin une question qui la replaçait dans son quotidien rassurant…

                   - J’ai visité sept patients hier matin, de 7h30 à midi, parmi lesquels M. Geoffroy dont vous
            dites que le voisin a été assassiné. Je n’y suis pour rien.

                   - Vous êtes allée directement chez chacun d’entre eux ?
                   - Mais oui… balbutia t-elle, incapable de trouver un sens à la question.

                   - Pourtant on a retrouvé une carte de visite à votre nom et une tasse de café vide chez M. De
            la Cosserie. On a prélevé de l’ADN sur la tasse, l’analyse de ces prélèvements génétiques prouvera

            sans doute que c’est vous qui avez bu dans cette tasse.

                   - Inutile de faire des analyses, c’est bien moi qui ai bu ce café chez M. De La Cosserie et je
            lui ai remis mes coordonnées car il ne les a demandées au cas où il aurait besoin d’une infirmière.

            J’étais entrée chez lui par erreur, il m’a offert un café et je ne suis restée qu’une dizaine de minutes.
            Ensuite, je suis montée chez M. Geoffroy, sans avoir tué M. De La Cosserie bien sûr.

                   - Vous vous rendez souvent chez M. Geoffroy ?
                   - Oui, il souffre d’ulcères variqueux,  des soins  fréquents  et rigoureux sont  indispensables

            pour stabiliser les lésions.

                   - Vous avez eu l’occasion de rencontrer M. De La Cosserie lors de vos passages chez votre
            malade et vous avez noué une relation avec lui ?

                   C’était une affirmation plutôt qu’une question et elle lui parut complètement incongrue.

                   -  Absolument pas !  J’ai fait la connaissance de  M. De  La Cosserie  le jour où je me suis
            trompée d’étage, je ne le connaissais pas auparavant.

                   - La femme de M. De la Cosserie est rentrée des sports d’hiver avec leurs filles peu après peu
            après votre passage. C’est elle qui l’a trouvé sans vie en entrant dans l’appartement.

                   - …
                   - Ce matin-là, M. De La Cosserie vous a informé qu’il mettait fin à votre relation, car sa

            femme rentrait  de vacances. Vous ne l’avez pas supporté, vous avez  sorti un scalpel de votre

            mallette et vous lui en avez asséné plusieurs coups. Le scénario que nous avons reconstitué est le
            suivant. Vous vous êtes arrêtée chez M. De La Cosserie comme chaque fois que vous vous rendez

            chez M. Geoffroy, vous avez bu un café avec lui, il vous a congédiée sans délicatesse. C’est son
            genre, a-t-on appris. De dépit, vous avez sorti l’arme improvisée dont vous disposiez et porté des

            coups sans  forcément  souhaiter qu’ils soient mortels, vous êtes montée chez M. Geoffroy,  avez
            commencé les soins, avez pris des photos des plaies que vous avez envoyées à son médecin à 11h02,

            nous avons vérifié. Puis Mme De La Cosserie est rentrée vers 12h30 et a découvert son mari.

                   Le mélange de faits réels et d’absurdités lui coupait le souffle. Les apparences étaient contre
            elle, le raisonnement de l’inspecteur se tenait. Sauf qu’il était faux. Elle ne put opposer qu’un faible

            argument de défense, n’en trouvant pas d’autre :
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