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- Oh, non ! Je voulais orienter l’enquête de la police aussi longtemps que possible sur une
fausse piste pour gagner du temps…
- Gagner du temps ? Pour quoi faire ?
Il releva la tête vivement et un éclat inattendu apparut dans son regard quand il continua :
- Ma femme allait donner naissance à notre enfant. Je voulais le connaître avant de passer de
longues années en prison. Je voulais que soit lavé mon honneur avant que notre fils ne voie le jour.
Aujourd’hui, je me sens libéré, mais je souffre de vous avoir entraîné dans mon histoire. J’ai une
grande admiration pour vous. Si notre rencontre était un coup monté, ce fut pour moi une belle
rencontre, j’ai été ébranlé ce jour-là par la passion avec laquelle vous parliez de votre métier. Mais
De La Cosserie était mort, je ne pouvais plus reculer.
Un grand silence s’abattit sur la pièce. L’inspecteur et l’infirmière éprouvaient des
sentiments mêlés : ils avaient devant eux un assassin qui s’était fait justice lui-même, mais c’était
également une victime atteinte dans sa chair, flouée, brisée par la trahison.
Un bip retentit et fit sursauter l’infirmière, perdue dans des pensées contradictoires. Un
message venait de tomber sur son téléphone portable. C’était sa collègue Maryse qui l’informait
sobrement : « M. Geoffroy est décédé. »
L’infirmière ressentit une grande peine. M. Geoffroy était décédé sans qu’elle ne l’ait revu.
L’avait-il crue responsable de la mort de son voisin honni ? Elle s’était attachée à ce patient doux et
paisible durant toutes ces années où elle était montée le voir pour lui dispenser ses soins. Malgré
tout, elle était soulagée de ne plus avoir à se rendre au 32 rue du Manoir…
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