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- M. Geoffroy m’a-t-il trouvé nerveuse lorsque je lui prodiguais ses soins ? Après avoir tué

un homme, pensez-vous qu’on puisse nettoyer une plaie avec des gestes minutieux sans trembler ?
- Avant qu’elle ne retombe, la colère maintient les assassins dans la maîtrise de soi. Je

connais mon métier…
- Je suis bien plus émotive…

Elle fut relâchée et placée sous surveillance judiciaire avec interdiction de se rendre chez

M. Geoffroy et même de le contacter. Elle demanda à ses collègues qui prendraient le relais, de

transmettre à M. Geoffroy ses amitiés en le priant de lui conserver toute sa confiance.
Elle fut convoquée quelques jours plus tard dans le bureau de l’inspecteur Morris qui avait de

nouveaux éléments à lui soumettre.
- Madame, dit-il, nous avons fait chez M. De La Cosserie-Bonpierre une découverte qui pèse

lourd dans l’accusation.
L’inspecteur Morris avait dans l’œil une lueur de satisfaction. Il tenait dans les mains une

photographie et prenait son temps, sadiquement, avant d’en dire davantage.

- Vous prétendez que vous ne connaissiez pas M. De La Cosserie avant ce jour où vous avez
pris un café chez lui ?

L’infirmière tremblait d’appréhension et fut incapable de répondre.

Il surveilla sa réaction en brandissant la photo sous ses yeux avec un air de triomphe.
- Et ça… ! Nous avons inspecté l’appartement de M. De La Cosserie et sommes tombés sur

ce document. Malgré cela, vous prétendez toujours que vous ne connaissiez pas M. De La Cosserie
auparavant ?

Elle saisit la photo d’une main fiévreuse et l’examina. Rien sur ce cliché ne lui était familier :
un homme et une femme étaient étroitement assis sur un sofa, l’homme avait la main posée sur celle

de la femme. Elle portait une robe de soirée noire décolletée laissant paraître des bras graciles, et un

chapeau à aigrette. Soudain, elle reçut un choc en se reconnaissant dans la femme assise sur le sofa.
Comment se pouvait-il… ? L’incompréhension faisait vaciller son regard. Elle chercha à rassembler

ses idées. Soudain, elle comprit qu’il ne pouvait s’agir d’elle :
- Cette photo est un odieux montage ! s’écria t-elle. Si le visage est bien le mien, mon

physique n’a rien à voir avec la silhouette de cette femme !
L’infirmière accusait en effet quelques rondeurs accumulées depuis la puberté, entretenues

par des grignotages trop fréquents qui lui permettaient de tenir le rythme effréné de ses journées. La

femme de la photo était plutôt fluette.
L’inspecteur reprit la photo avec un air troublé, son assurance avait fondu.

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