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les affaires véreuses  dans lesquelles  il a triomphé de ses  concurrents. M. De  La Cosserie est un

            homme sans scrupules quand il s’agit de s’enrichir, peu importe le préjudice qu’il inflige. C’est ainsi
            qu’il a ruiné un homme intègre qui de ce fait, avait des raisons de lui en vouloir. L’enquête nous a

            conduits à le suspecter fortement. Nous cherchons à le faire  avouer. Si  vous reconnaissez en lui
            l’homme que vous avez vu dans l’appartement de M. De La Cosserie, nous aurons fait un grand pas

            vers la résolution de l’énigme.
                   On poussa dans le bureau de l’inspecteur Morris un homme débraillé, vidé de toute énergie.

            Il s’effondra sur la chaise placée à côté de l’infirmière, le menton enfoncé dans le cou, le regard

            fuyant. C’est vrai qu’il n’avait pas l’allure d’un égorgeur. Si l’infirmière reconnut immédiatement
            l’hôte élégant qui lui avait offert un café, elle fut frappée par l’image opposée qu’il donnait de lui-

            même désormais.
                   - Reconnaissez-vous cet homme ? demanda l’inspecteur.

                   - Oui. C’est bien l’homme qui m’a offert du café au 4 ème  étage du 32 rue du Manoir.
                   Le suspect, d’un air résigné, livra ses confessions :

                   - Je reconnais que je suis l’assassin de cette ordure de De La Cosserie. Il m’a berné. Je ne

            m’étais pas méfié, il avait prétendu mettre en place une coopération, mais le contrat le plaçait dans
            une situation privilégiée, je ne l’avais pas vu. Il a sucé l’œuvre de ma vie à son profit jusqu’à la

            dernière goutte.

                   Puis, la conversation se poursuivit  entre l’infirmière et le suspect  comme au 32 rue du
            Manoir, l’inspecteur Morris n’avait plus besoin de poser les questions.

                   -  Comment avez-vous fait pour m’attirer dans son appartement ?  Je pensais que mon
            irruption chez lui était fortuite ?

                   -  Elle n’était pas fortuite. J’ai préparé mon acte bien en  amont. J’avais épié  M. De  La
            Cosserie des journées durant, dans le café qui fait face à l’immeuble. Je débordais d’une soif de

            vengeance  que seul un acte  violent  pouvait  étancher. J’avais  remarqué qu’une personne entrait

            régulièrement, munie d’une mallette. C’était vous. Je me suis introduit à votre suite et j’ai constaté
            que vous vous rendiez au 5  ème  étage. J’en ai déduit que vous étiez un médecin ou une infirmière.

            J’en ai eu la confirmation en interrogeant les voisins, sous un prétexte mensonger.
            Alors, il m’est venu l’idée d’accumuler les preuves contre vous : le café et les traces que vous

            laisseriez, les coordonnées bien visibles, le scalpel, la photo truquée. J’ai pris des photos de vous
            dans cette intention et bricolé l’ascenseur pour qu’il n’aille pas au-delà du 4 ème  étage. J’ai assassiné

            cette ordure de  De  La  Cosserie le matin même où vous êtes venue  chez lui, son corps sanglant

            reposait dans la pièce à côté. Je n’avais plus qu’à vous attendre et vous laisser semer des indices.
            Mon plan a parfaitement fonctionné. J’étais aidé en cela par votre état de fatigue.

                   - Vous envisagiez de m’envoyer en prison à votre place sans remords ?
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