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N° 12                       Miroir, mon beau miroir…



               Elle avait eu maintes fois l'occasion d'être appelée pour des soins urgents au 32, avenue du

               manoir, 5ème étage, porte gauche. Mais ce matin-là, fatiguée par une nuit d'insomnie, elle
               s'arrêta au 4ème étage, et frappa porte gauche. À peine s'était-elle aperçue de son erreur,

               qu'une voix résonna dans la pièce du fond :
               -Enfin ! Je vous attendais.

               Amanda se figea.
               -Ne soyez pas timide, je sais que ce n’est pas dans votre nature, Amanda Brown.

               -Comment connaissez-vous mon nom ?

               C’est la seule chose qu’Amanda trouva à dire, mais pour réponse, elle n’entendit qu’un
               ricanement lointain. Elle aurait pu faire demi-tour et s’enfuir pour rejoindre l’étage au-dessus

               en se promettant de prendre ses somnifères. Pourtant, elle referma la porte derrière elle. Elle
               le savait, elle ne pouvait plus faire marche arrière mais cette idée ne l’effrayait pas autant

               qu’elle aurait dû l’être.
               -C’est moi qui pose les questions, rectifia l’ombre tapie dans le noir.

               Amanda arqua un sourcil. Si cet inconnu croyait qu’elle resterait pétrifiée seulement parce

               qu’il connaissait son identité, il se trompait. Amanda, plus que quiconque, savait
               pertinemment que ce genre d’information était facile à obtenir.

               -Venez donc vous asseoir.

               Amanda examina l’appartement au fur et à mesure qu’elle avançait pour rejoindre la pièce où
               se trouvait son interlocuteur. C’était une succession de petites pièces aux murs vierges. Le peu

               de mobilier en place, comme le lit, les commodes, et même la cheminée, était caché sous des
               draps blancs salis par le temps et les rideaux tirés étaient trop épais pour les premiers rayons

               du soleil qui n’avaient pas la force de les transpercer. Cela plongeait le tout dans une
               atmosphère sombre, étrange, presque oppressante. Finalement, Amanda atteignit le salon.

               C’était une vaste salle, différente des autres, et Amanda se mit à déglutir avec difficulté. Le

               parquet semblait marqué par des va-et-vient de pas étrangement agressifs et Amanda était
               certaine de l’entendre craquer de douleur sous ses pieds. Seulement, quand elle baissa les

               yeux vers le sol, elle prit conscience qu’elle marchait sur une étendue de bouts de verres
               éparpillés de tous les côtés comme un tapis de diamants. Elle releva alors la tête et tomba face

               à un grand, très grand miroir lézardé dont certaines pièces manquaient, sûrement celles
               disloquées sous ses pas incertains. Elle détourna le regard et continua de parcourir la pièce





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