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Adélaïde soupira, comme délivrée d’un poids qui depuis si longtemps lui pesait.

            - « Tu veux dire que... Henri de Kervallec serait mon vrai... père ? »
            - « C’est plus que probable ma chérie... c’est même certain...»

            - « C’était donc ça… » murmura-t-elle se remémorant les tensions dont elle avait le souvenir.
            Marie-Ange retint ses larmes mais la surprise fut immense, jamais elle n’avait imaginé une telle

            histoire. Elle s’enferma durant trois jours, refusant toutes les visites, annulant ses rendez-vous, puis,
            peu à peu ses activités reprirent...

            ***

            Durant les deux semaines suivantes, elle évitait de s’arrêter au quatrième étage lorsqu’elle montait
            chez Ernestine, au cinquième.

            De même, Henri qui, de sa fenêtre la voyait arriver chaque matin n’osait pas l’arrêter au passage.
            Il s’interrogeait, ne savait si sa mère lui avait parlé et ce que, exactement elle lui avait dit..

            Chacun jouait la neutralité jusqu’au jour où Ernestine glissa à l’oreille de Marie-Ange :
            - « Vous devriez vous arrêter au quatrième, cela ferait plaisir à Monsieur, il vous attend, il me parle

            de vous tous les jours….si vous saviez comme il était heureux le jour où il a appris votre existence »

            Marie-Ange ne répondit pas. Elle rangea ses affaires, descendit l’escalier, passa devant la porte du
            quatrième sans s’arrêter. Puis avant d’arriver sur le palier du troisième, comme prise d’un remord,

            elle fit demi-tour. Elle sonna à la porte et entendit :

            - « Entre donc, elle est ouverte... »
            Il la tutoyait avec une voix qui lui parut paternelle. Cela la toucha. A peine avait-elle poussé la porte

            qu’elle le vit debout dans le vestibule qu’elle découvrait pour la première fois baigné de lumière. Il
            la prit dans ses bras, l’embrassa.  Bien qu’emplis de larmes ses  yeux exprimaient la joie qu’il

            ressentait.
            Il balbutiait, «Ma petite fille, ma petite fille... Dès le premier jour j’ai su que c’était toi... »

            ***

            Cinq années passèrent.  Henri de Kervallec vint de temps  à temps  rendre visite à Adélaïde, et
            Adélaïde se rendait souvent chez Henri. Elle y prit même ses aises en journée mais le soir venu

            chacun rentrait chez soi. Mais un jour, victime d’une attaque, Henri fut retrouvé inanimé au petit
            matin.

            Marie-Ange et Adélaïde ressentirent un profond chagrin. Des habitudes s’étaient instaurées.
            Adélaïde se sentait soulagée d’un poids qui durant des années l’avait perturbé, Marie-Ange, la

            surprise passée avait fini par accepter la situation, même si elle en voulait à sa mère de ne pas lui en

            avoir parlé plus tôt.







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