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-Aurais-tu l’extrême obligeance de me les poser rapidement, j’ai un patient qui m’attend.
               Amanda ne savait d’où sortait ce ton effronté qu’elle ne se connaissait pas. Enfin, qu’elle ne

               se connaissait plus. Elle sentait s’amenuiser sa patience au fur et à mesure que cette femme
               était en train de la mener au doigt et à la baguette comme un vulgaire pantin. Elle détestait

               cette sensation d’avoir une longueur de retard sur cet adversaire qui semblait déjà l’avoir

               cernée.
               -Ton patient, parlons-en.

               Amanda se raidit instantanément et son visage perdit de sa couleur.
               -Richard Piera, trentenaire, tétraplégique avec d’importantes lésions au cerveau.

               -Je ne vois pas le rapport, affirma Amanda.
               L’inconnue se leva et ses talons résonnèrent lentement sur le parquet. Jusqu’ici, Amanda

               n’avait pas fait attention à ses hautes bottes en cuir.

               -Richard a été renversé par une voiture, il y a un mois de là.
               -Je sais, il m’a raconté son histoire, mais je ne comprends toujours pas où tu veux en venir.

               C’est alors que la femme partit en un grand rire sonore qui crispa Amanda, toujours attachée à

               son fauteuil.
               -Tu ne changeras donc jamais.

               -Écoute, déclara Amanda. Je ne sais pas de quoi tu veux parler…
               -Mais arrête !

               Les bras d’Amanda se couvrirent de chair de poule tandis qu’elle entendait son bourreau faire
               les cent pas.

               -Arrête de mentir au monde et de te mentir à toi-même ! Arrête de croire que tout va mieux

               parce que tu caches la vérité Amanda Brown !
               Ce ton espiègle et malsain qui imbibait sa voix depuis vingt longues minutes déjà fut

               remplacé par une amertume qui déstabilisa Amanda. Mais ce qui l’étourdissait davantage,
               c’est à quel point ces mots étaient vrais.

               -Ou devrais-je dire, Emmy Cooper.
               Cette fois, Amanda ne put ravaler ce cri perçant qui s’échappa de ses lèvres. L’atmosphère

               elle-même sembla changer de texture. Non, c’était impossible. Personne ne savait. Personne

               ne devait savoir.
               -Coïncidence, c’est le nom de la conductrice qui a percuté Richard Piera avant de fuir et

               disparaître.

               Amanda fut parcourue de spasmes incontrôlables et son front se couvrit d’une fine pellicule
               de sueur. Nier, elle n’avait plus que ça.



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