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-Tu te trompes, tu fais erreur sur la personne.
Amanda venait de terminer sa phrase quand la femme sortit de son repère ombrageux,

toujours indistincte. D’un coup sec et furtif, elle lui arracha sa perruque blonde, dévoilant sa
belle crinière de feu qui tomba en cascade de lave dans son dos.

-Tu devrais me dire merci, je n’ai pas osé enlever tes lentilles bleues, répliqua l’inconnue.

Toutes les forces d’Amanda la quittèrent brusquement et son dos se voûta comme si le poids
de la vérité était un fardeau trop lourd pour elle. Sa dernière arme venait d’être mise à terre.

Elle aurait aimé répliquer mais la réalité venait de lui donner une gifle magistrale qui lui
brisait les cordes vocales.

-Dis-le ! cria alors la femme. Dis-le que c’est toi qui as percuté Richard, dis-le que c’est à
cause de toi qu’il va rester dans un fauteuil roulant le restant de ses jours alors que la vie lui

réservait un bel avenir ! Dis-le que tu es à son service uniquement pour tenter d’apaiser ta

culpabilité et ta conscience ! Dis-le, au lieu de prendre tes somnifères pour ne pas revoir son
corps sanguinolent dans tes rêves ! Dis ce que tu refuses d’admettre ! Dis que c’est de ta faute

!

La tête tournait vers le sol, une larme quitta les faux yeux bleus d’Amanda pour s’écraser sur
un bout de verre comme une blèche tache de peinture.

-Non, c’était un accident ! hurla cette dernière tout en reconstituant la scène. Je ne l’ai pas vu
arriver, il est sorti de nulle part ! Ce n’était pas de ma faute !

Maintenant, elle pleurait à chaudes larmes, chacune évacuant un souvenir de son cœur réduit
en cendres. Un mois qu’elle ne dormait plus, un mois qu’elle tentait de faire naître un sourire

sur le visage de son patient qui n’avait plus goût à rien à cause d’elle, un mois qu’elle s’était

créée une nouvelle identité pour échapper à la peine de prison qui l’attendait. Emmy Cooper
était morte avec le bonheur de Richard Piera et jamais, elle n’avait envisagé que quelqu’un

pourrait la faire revenir.
-Peut-être, mais le mal est fait, persifla la femme, insensible à l’état d’Amanda. Maintenant,

tu dois payer en assumant tes actes parce qu’à force de te bercer d’illusions, tu finiras par
t’autodétruire.

Elle avança doucement sa main près du haut d’Amanda et souleva la manche de son avant-

bras droit. On pouvait y voir des petits traits rougeâtres parallèles encore frais de la veille.
-Que dis-je…souffla-t-elle, tu es déjà en train de le faire.

Amanda retira les doigts de l’ombre d’un geste brusque et releva la tête avec tant rage que

n’importe qui en aurait été effrayé.
-Occupe-toi de tes affaires, je gère les miennes.

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