Page 62 - affiche-plume-2020.indd
P. 62

-  « Ma vie était monotone, jusqu’au jour où j’ai aperçu la nouvelle infirmière au travers de ma

            fenêtre. Je crus te voir, Adélaïde... Elle a la même allure, la même élégance, la même silhouette, le
            même visage que toi. Ce fut un choc. Puis, cette conversation sur le palier du cinquième avec le

            même timbre de voix, les mêmes intonations… c’en était trop, il fallait que je m’assure que ce que
            j’imaginais était la réalité. Je suis monté chez Ernestine et lui ai demandé quelle était la personne

            avec laquelle elle conversait. Elle me dit que c’était la nouvelle infirmière « La Parisienne » comme
            on la surnomme ici, j’insistais pour connaître son nom. Elle extraya une carte de visite d’un de ses

            dossiers sur laquelle je lu : Marie-Ange Desvauchelle. Je me souvenais de votre nom  et j’ai

            forcément fait le  rapprochement. Je redescendis l’escalier extrêmement troublé.  Le lendemain
            lorsque par la fenêtre je vis l’infirmière arriver et que quelques minutes ensuite ma porte s’ouvrit,

            j’en ai déduit un signe du destin, je lui ai dit que j’avais à lui parler, j’eus peur qu’elle prenne la
            fuite tant elle fut surprise mais elle accepta de m’écouter... »

            Il sourit et ajouta…
            « Je crois qu’elle avait cru que j’avais besoin de soins, ce doit être pour ça qu’elle ne s’est pas

            enfuie... »

            ***
            - « Marie-Ange, il faut que nous parlons, j’ai des choses importantes à te dire…. »

            - « Oh, mais qu’as-tu ? Ça ne va pas ce soir ? Tu as vu, il est tard, j’ai été retardée chez Monsieur

            Marcel, sa blessure ne s’arrange pas, je pense qu’il va devoir être à nouveau hospitalisé. Je suis en
            repos mercredi, cela ne peut-il pas attendre ? »

            - « Non, ma chérie, cela n’a que trop attendu, voilà déjà bien longtemps que j’aurais dû te parler
            mais je n’en ai pas eu le courage, je redoutais les conséquences, mais aujourd’hui il le faut... »

            - « Bon, très bien, je t’écoute… ; »
            - « Et bien, voilà, c’est au sujet de Henri, Henri de Kervallec, je l’ai rencontré cette après-midi et il

            faut que je te dise la vérité. En fait, avec ton papa, enfin, mon mari nous avions un gros soucis, nous

            ne parvenions pas à avoir d’enfant. Tous les examens que j’avais fait ne détectaient rien d’anormal
            et pourtant les années passaient sans qu’une naissance ne soit en vue. Nous avions rencontré un

            psychologue qui nous avait convaincu que le stress et le surmenage étaient à l’origine de notre
            problème et qu’en prenant des vacances tout s’arrangerait. Pour la première fois, nous avons donc

            décidé de fermer le magasin pendant deux semaines et de venir ici, en Bretagne. Nous avions loué
            une des dépendances que Madame de Kervallec, mère de Henri avait fait aménagé dans les

            communs du château et  qu’elle louait aux vacanciers.  Le séjour était très agréable, il  y avait un

            autre couple, également en vacances, avec qui nous avions sympathisé.  Il nous proposa de
            l’accompagner pour une navigation sur le bateau d’Henri nous assurant qu’il était très sympathique





                                                            7
   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67