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Deux jours après cette conversation, Marie-Ange retournait au 32 rue du Manoir prodiguer de

nouveaux soins à Ernestine. Dès qu’elle arriva sur le palier du quatrième étage, elle y trouva Henri
de Kervallec, debout dans son vestibule, la porte d’entrée grande ouverte.

- « Je vous ai vu arrivé, je ne voulais pas vous manquer… alors, avez-vous parlé avec votre
maman ? »

- « Oui, mais elle ne semble pas vous connaître... »
- « Vous lui avez demandé en quelle année elle était venue ici avec votre papa ? »

- « Oui, c’est bien en 1988, vous aviez raison... »

- « J’en étais sûr quand je vous ai vu... »
- « Quand vous m’avez vu ? Pourquoi dites-vous cela ? »

- « Pour rien, comme ça, peut-être parce que vous ressemblez à votre… papa », il allait dire « à
votre maman », mais se ravisa.

Marie-Ange poursuivit son ascension jusqu’au cinquième étage sans demander davantage de
précisions, bien que cette insistance ne manquait pas de l’intriguer.

Quand elle redescendit quelques minutes plus tard, le vieil homme était là, sur le palier. Il avait en

main une enveloppe assez épaisse dans laquelle il avait glissé des documents, un livre peut-être.
- « Tenez, prenez cela et donnez-le à votre maman, je pense que ça va l’intéresser. Dites-lui que je

serais ravi qu’elle vienne elle-même me le rendre et me dire ce qu’elle en pense... »

- « Très bien, merci, je vais la lui remettre » lui répondit Marie-Ange préoccupée par la prochaine
patiente qui l’attendait.

***
L’enveloppe resta quasiment une semaine sur la banquette arrière de sa voiture. Prise par le nombre

important de soins à prodiguer, elle avait omis de la remettre à sa mère.
Un dimanche que Marie-Ange eut exceptionnellement de libre, elles en profitèrent pour se rendre

toutes les deux à une représentation au théâtre de Quimper. En entrant dans la voiture Adélaïde dit à

sa fille :
- « Tu as une enveloppe qui traîne sur ton siège arrière »

- « Oh, c’est vrai, elle est pour toi, c’est ce vieux Monsieur bizarre dont je t’ai parlé qui m’a
demandé de te la remettre, j’avais complètement oublié, surtout pense à la prendre à notre retour... Il

voudrait que tu vois ce qu’elle contient et que tu ailles toi-même la lui rendre...»
***

Le soir, la porte de sa chambre à peine refermée, Madame Desvauchelle ouvrit l’enveloppe. Une

carte de visite marquée aux armes de la famille de Kervallec tomba sur le lit. Elle la ramassa et sa
lecture la bouleversa :

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