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- « Avant hier, je suis monté la voir et nous avons parlé de vous, elle m’a dit que vous venez
d’arriver dans la région… c’est bien cela ? »
- « Oui, en effet,…et alors ?... »
- « Je voulais connaître votre nom. Elle m’a dit qu’ici tout le monde vous appelle « La Parisienne ».
Comme j’insistais, elle a recherché dans un dossier où elle rangeait ses ordonnances et m’a dit que
votre nom est Desvauchelle, seriez-vous la … (il marqua un temps d’arrêt)… la fille de Hector
Desvauchelle ?
- « Oui, c’est exact, vous auriez connu mon père ? » lui demanda-t-elle.
- « Très peu,... enfin juste croisé, ...» répondit-il sur un ton évasif.
Et, marquant à nouveau une pause, comme s’il eut besoin de réfléchir avant de poursuivre :
- « Est-ce lui qui était venu ici en villégiature il y a maintenant plus de trente ans, en 1988
exactement ? »
- « C’est possible, je ne sais pas, je n’étais pas née, mais je pourrai le demander à ma mère... »
- « Vous le pourriez ? Ah oui, ce serait bien, ça me ferait plaisir. Vous me le confirmerez la
prochaine fois, quand vous reviendrez chez Ernestine ?... Je peux compter sur vous ?»
- « Pourquoi pas... » répondit-elle, intriguée par une telle insistance.
- « Excusez moi de vous avoir retardé. Je ne me suis pas présenté, mon nom est Henri de
Kervallec… A propos, comment va votre papa ? »
- « Euh, et bien… mon papa est décédé … il y maintenant un peu plus de dix ans…. »
- « Oh, excusez-moi, j’en suis navré, je ne le savais pas… »
Il se leva et la raccompagna à la porte.
Ils se saluèrent et en se retirant, elle jeta un œil sur sa montre et pris conscience de son retard. Bien
qu’elle ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur la raison qui poussait cet inconnu à s’intéresser à
sa famille et que le rappel du souvenir de son père la chamboula, elle due se précipiter au cinquième.
En escaladant les marches, lui revenaient en mémoire des conversations ambiguës entre ses parents,
dont elle n’avait entendu que quelques bribes durant la jeunesse. Jamais elle n’avait pu s’expliquer
certaines de leurs réactions ou de leurs silences à son approche sans toutefois oser aborder
ouvertement le sujet. Pourtant, plus ou moins consciemment elle ressentait qu’ils lui cachaient
quelque chose. Il y avait là un secret, quelque chose de mystérieux.
Mais ses interrogations se dissipèrent dès qu’elle se retrouva sur le palier du cinquième car
lorsqu’elle frappa, elle entendit Ernestine, qui s’impatientait, lui lancer :
- « Ah, vous voilà enfin, je croyais que vous m’aviez oubliée !».
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