Page 35 - affiche-plume-2020.indd
P. 35

-  Heummm… Oui…

                   -  Oh, toi, on dirait que tu as encore mal dormi !

                   S’étant assoupie au petit matin après une longue nuit passée à vérifier la lenteur
               désespérante des chiffres du réveil, la jeune femme émergeait péniblement.

                   - En plus, j’ai fait un drôle de rêve, ça m’a épuisée. Dis, mon Loulou, si tu n’as

               rien d’important à faire ce matin, est-ce que tu peux m’accompagner à mon rendez-
               vous ? Je ne me sens pas vraiment en forme pour conduire. »

                   Le petit déjeuner escamoté, Arielle arriva quand même à l’heure avenue du
               manoir. Louis pensait attendre dans la voiture avec le polar qu’il avait emporté mais

               Arielle insista fermement pour qu’il l’accompagnât jusqu’ au 5   ème .
                   Arrivée la première sur le palier du 4  ème , Arielle s’arrêta, angoissée, s’attendit à

               voir surgir le géant roux auquel elle s’était confrontée dans son cauchemar.

                   Silence complet. Au fond, la porte du local de service était fermée. A clef : elle se
               permit d’aller vérifier. Au milieu du couloir, le paillasson de la porte de gauche avait

               disparu. Avec prudence, Arielle s’en approcha. La présence de son mari lui donnait
               de l’audace. Louis la rattrapa par la manche : « Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu te

               trompes d’étage, nous ne sommes pas au 5       ème  !» Arielle lui fit un signe : « Chut !».
                   Du bruit sourdait au-delà de la porte. Elle frappa.

                   Un homme en salopette ouvrit ; derrière lui, une femme s’approcha, balai en

               main.
                      « C’est pour quoi ?

                   -  Je … je pensais trouver mademoiselle… heu…

                   -  Ah,   non !   Y   a   plus   personne.   Elle   a   ravalé   son   bulletin   de   naissance
                      dimanche.

                   -  Mais comment…
                   -  Un AVC.

                   -  Je suis désolée. Heu… Dites-moi, comment était-elle ?
                   -  Emmerdeuse. Bon, on n’a pas que ça faire. Faut vider le logement. Salut. »

                    La porte claqua. Arielle pensa au capharnaüm désuet entrevu dans son rêve et se

               demanda s’il avait existé vraiment. Et la locataire, était-elle également naine ? Elle
               n’avait pas obtenu la réponse souhaitée. Elle poserait la question à sa patiente de

               l’étage au-dessus.



                    Du fait du caractère des soins qui exigeaient une certaine intimité, le mari resta à
               attendre, assis, à côté de la porte de la vieille demoiselle du 5ème.


                                                                                                         5
   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40