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Et le vieux monsieur se renversa dans son fauteuil et partit d’un grand éclat de rire plein de
bienveillance, avant de demander :
-Et vous, de cotre côté, pourquoi êtes vous entrée dans mon jeu ?
- Je ne sais pas. Sans doute pour vous faire plaisir et vous apporter un peu de gaité. Vous
sembliez si triste tout seul dans votre fauteuil avec votre jambe dans le plâtre. Aussi lorsque
vous m’avez dit que vous attendiez de la visite je n’ai pas voulu vous dire que je n’étais pas
celle que vous attendiez. Voilà, c’est tout. Je vous ai joué la comédie. Ne m’en voulez pas.
- Vous avez raison, j’étais un peu triste ce matin. Mais ne vous excusez pas. Je vous remercie
au contraire. Vous m’avez permis d’évoquer certains souvenirs que je croyais enfouis et qui
grâce à vous sont remontés en surface. Le passé n’est jamais vraiment mort. J’ai connu,
sachez-le, grâce à ce petit entracte un délicieux moment en votre compagnie.
Martine ne sut que dire. Elle se sentit parfaitement stupide et pour se faire pardonner elle ne
trouva rien d’autre à faire que de donner au vieux monsieur un bisou sur la joue gauche.
-Je vous quitte, cher Monsieur, portez-vous bien. Je vous remercie pour votre indulgence.
Maintenant il faut que j’y aille. Je suis attendue, comme vous le savez, au cinquième chez ce
pauvre monsieur Berthet, dont la ligne de vie est, je peux, hélas, vous l’assurer, nettement
plus inquiétante et chancelante que la vôtre.
Et cette fois , vous pouvez me croire, ce n’est pas « la chiromancienne » qui parle, mais
l’infirmière qui le dit !
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