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- Si, mon amie.
               - Qui espérez-vous au juste ?

               - Vous. Vous êtes ma pendule.
               - Je ne vous comprends pas.

               - Avant de partir, vous apparaissez. Cela en a toujours été ainsi pour toute ma famille.

               - Partir ? Où ?
               - Partir !

               -… Madame, je ne suis pas la bonne personne. Je ne dois pas me retrouver ici. Je ne suis
               qu’une visagiste. Je masse de vieilles peaux de mes riches clientes. Je ne fais que ça. Et c’est

               mon gagne-pain. Mes honoraires sont élevés, mais ça vaut la peine. Je gagne un salaire
               confortable, ce qui me permet d’acheter ce que je veux. J’accepte n’importe quel horaire en ce

               moment, afin d’avoir le budget pour ma nouvelle salle de jeux vidéo. Je compte bientôt

               m’acheter un écran incurvé qui peut couvrir la moitié de mon mur. Je suis comme ça, je suis
               bien satisfaite de ma petite vie, vous ne pouvez pas me demander autre chose. Donc, la

               personne que vous attendez, ce n’est pas moi. Je vais vous laisser, je n’aurais vraiment pas dû

               entrer chez vous.
               - Mais Mademoiselle… ?

               - Excusez-moi pour ce dérangement.
               - Mais… vous ne me prenez pas… ?

               - Non, je ne comprends pas Madame, je m’en vais.
               - Vous n’êtes pas ma pendule...? Mais, mais, je ne pars pas aujourd’hui… ? Vous êtes en train

               de dire que je ne suis pas encore prête, c’est bien cela ? Je vous ai désirée tant d’années. Ah

               Mademoiselle, cette attente si longue, vous me la laissez supporter encore seule.
               - Je ne sais pas Madame, votre rendez-vous finira par apparaître…en tout cas, je vous le

               souhaite.
                      La jeune femme arriva à quitter ce lieu en délaissant l’habitante en pleurs. Une fois la

               porte de 4ème étage gauche refermée, Cécile respira profondément afin de calmer sa tête qui
               tournait.



                      La cliente de 5ème étage pour une fois n’avait même pas remarqué le retard de Cécile,
               bien occupée à retrouver son capricieux chat caché dans sa cuisine. Ce jour-là, Madame

               Mariotti prévoyait un brunch mondain d’où la nécessité d’un soin en urgence.

               - Ah, Cécile, vous et vos mains prodigieuses, je ne peux m’en passer.



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