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-Monsieur…  Heu !... comment puis-je vous appeler ?
               -Est-ce important ?

               Adèle était de plus en plus décontenancée …
               -Pourquoi, Monsieur qui n’a pas de nom, pourquoi m’avez-vous dit que madame N’Guyen

               pouvait attendre ?

               -Parce qu’elle est morte, chère enfant !...
               La jeune infirmière resta interloquée ; sa patiente était décédée dans la nuit et comment ce

               vieux mécréant pouvait-il le savoir ?


               Après avoir jaugé  la réaction d’Adèle, l’homme reprit :
               -Asseyez-vous maintenant, vous n’êtes plus pressée.

               Adèle jugea que c’était plutôt  déplacé comme réflexion pourtant elle obéit, elle s’assit.

               Elle se tenait gauchement les fesses posées sur le bord du fauteuil, sa trousse de soins sur les
               genoux attendant que l’homme prît la parole. Voyant qu’il n’en faisant rien, elle se décida à

               déposer  sa trousse  à ses pieds et le temps qu’elle lisse les plis de sa robe et qu’elle relève la

               tête, le vieil homme s’était endormi.
               Elle se racla la gorge tentant de l’éveiller mais l’homme piquait du nez vers sa poitrine la tête

               légèrement de travers alors Adèle se releva pour partir cependant une  photo posée sur le
               marbre de la cheminée attira son attention. Il y avait la même dans l’appartement de Madame

               N’Guyen ; Le cliché représentait sa patiente lorsqu’elle était jeune et à côté d’elle, posait un
               homme, jeune aussi, coiffé d’un chapeau pointu comme en portent les asiatiques  pour se

               protéger du soleil, cependant désormais elle pouvait mettre un nom sur ce visage, non pas un

               nom puisque l’homme endormi n’avait pas daigné lui dévoiler son identité cependant c’était
               lui, elle en était certaine.


               Les très beaux volumes de cette ancienne demeure de négociants-armateurs construite à la fin

               du XVIII ème siècle avait permis d’en faire une résidence pour personnes âgées huppées et les
               travaux engagés, modernisation et insonorisation, en faisaient un endroit des plus discrets qui

               soit. Les résidents étaient fortunés ce qui n’empêchait pas qu’ils méritaient autant de soins  et

               d’attention que n’importe quel patient malade et âgé.
               Elle aimait se rendre en ce lieu,  les locataires  de cette solide demeure avait toujours des

               histoires extraordinaires à lui  narrer.  Cependant elle se rendait compte,  maintenant,  que

               madame N’Guyen bien qu’elle s’épanchât volontiers sur ses souvenirs,  lui avait tu pas mal de
               secrets.

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