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«   Non, mais  vous  êtes complètement cinglé  !   »  s'écria-t-elle en se dressant sur son

            siège.
            Moby Dick cherchait-il un océan ?

            «  Excusez-moi, j'ai perdu....
            -Espèce de barjot, poussez-vous ! hurla-t-elle en essayant de l'enjamber, j'ai besoin d’air.

            » Le cétacé, penaud, n’eut pas le temps de s’expliquer davantage.
            Rebecca parvint à s'extraire de sa place et en profita au passage pour écraser la hanche à

            découvert du  spéléologue baleine. La bête, meurtrie, lâcha un vif  «   Salope !   »  mais

            Rebecca était déjà en train de valser entre les fauteuils en direction d'un autre wagon. Elle
            oubliait sa victime en pensant pour elle-même : «  Il faut que je m'enfile un truc, ça peut

            plus durer.  »
            Au wagon-restaurant il n'y avait pas foule. Le préposé au service, un étudiant en intérim,

            feuilletait un Playboy en douce, à peine caché par la pile de crackers en sachets. Rebecca

            prit un malin plaisir à hausser la voix :
            «  Y vous reste des Duo emmenthal-jambon blanc ?  »

            Elle fit sursauter le serveur qui planqua à la hâte son magazine.
            «  Euh...oui, bredouilla-t-il. Vous..vous voulez une...boi..boisson avec ?  »

            Rebecca, en pleine période de vengeance, attarda son regard sur le jeune homme avant

            de répondre. Elle fit de chaque seconde un supplice pour son interlocuteur. Elle voulait
            qu'il sache lui aussi  qu'à  partir d’aujourd'hui c'était elle la dominatrice  du jeu homme-

            femme : «  Donnez-moi une 1664, fit-elle en posant un billet de 50 Euros sur le comptoir.
            »

            Le garçon s'exécuta. Soumis, il disposa la commande et rendit à sa maîtresse la monnaie.
            Rebecca s'éloigna puis s'installa sur un tabouret de bar, face à la baie vitrée. La sensation

            de fraîcheur dégagée par la bière lui faisait du bien. Elle serra sa cannette comme elle

            aurait tenu un sceptre. Il lui fallait des moments comme ça, des petites victoires. C'est ce
            qui lui permettrait de tenir le coup dans sa révolution.


                    Rebecca avait rencontré  Armand en 2010, au lycée. Le beau musicien    de  la

            terminale scientifique ne la regardait  pas souvent quand  elle passait devant lui.
            Quoiqu’elle n’ait pas manqué de savoir qu’il faisait tant chavirer les mijaurées du bahut, à

            vrai dire, Rebecca non plus ne pensait pas trop à lui. Ils faisaient leur scolarité chacun de

            leur côté. Elle était en classe de Première et gardait davantage à l’esprit les examens de
            fin d’année. Les garçons ne l’intéressaient pas plus que ça, contrairement à la plupart des


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