Page 42 - tmp
P. 42
Sarcastique, Rebecca frappa sèchement à la porte et prévint l'explorateur :
« Ne vous avancez pas trop loin, vous risqueriez de tomber sur les rails. »
L'homme-derrière-la-porte répondit par une série de grognements qui semblait
correspondre à un code. Rebecca ne prêta pas attention au détail du message, sinon elle
aurait perçu trois grognements courts, trois longs et trois autres courts.
Elle préféra se moquer de son ex-voisin de siège en terminant ainsi :
« Oui, je comprends bien votre chagrin mais nous ne sommes peut-être pas faits pour
nous entendre. »
Rebecca repartit en laissant ignoré l'appel au secours du spéléologue, bêtement bloqué
au niveau des hanches dans le conduit de la ventilation du faux-plafond. Elle poursuivit en
espérant trouver rapidement un espace libre pour se soulager car le visage de Jane
commençait à prendre beaucoup de place dans sa tête. La troisième était la bonne ! Enfin,
a priori, car si les toilettes étaient visiblement accessibles Rebecca s'étonna quand même
qu'il n'y ait plus de porte. Elle aurait pu rire de la situation et se demander si elle était prête
à aller jusque-là, uriner avec vue sur le couloir, mais elle s'arrêta net quand elle aperçut un
homme recouvert de sang affalé sur la cuvette des WC.
Rebecca remarqua tout de suite que cet homme, qui n'avait sûrement pas loin de
son âge, saignait de l'oreille. Elle posa très vite et fermement sa main sur l'orifice pour
comprimer la plaie et tenter de stopper l’hémorragie. Rebecca, qui avait quelques notions
de premiers secours, se mit à parler au jeune homme pour le maintenir éveillé. C'est Jane
qui avait insisté pour qu'elle l'accompagne au début de l'année à la formation proposée
par l’entreprise. « J'suis sûr qu' c'est un beau mec qui va nous faire la leçon. T'imagines,
avait dit Jane, dès fois qu'il te f'rait du bouche à bouche. »
Rebecca arrêta de penser à Jane, sa vessie aussitôt se résorba. Elle se focalisa sur le
moment présent, sur l'urgence. Pour la première fois depuis longtemps Rebecca se sentait
utile ou du moins savait qu'elle devait tout faire pour l'être.
« Putain, il faut que tu le tires de là, se lançait-elle. Ramène-le Rebecca, ramène-le ! »
Malgré les bonnes intentions de Rebecca, le jeune homme ne réagissait pas à sa voix. Il
gardait les yeux à demi-ouverts, son regard se recouvrait d'un voile. Rebecca, en
continuant de parler, composa le numéro des secours ferroviaires. Elle mit le haut-parleur
et posa son portable. A la première tonalité le téléphone se coupa, un message de réseau
non disponible s'afficha.
« C'est pas vrai ! » lâcha Rebecca, le visage à présent recouvert de sueur.
8