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Arrivée dans le hall, remarquant que l’averse ne cessait toujours pas, elle déploya
               son parapluie et sortit dehors.



               « Décidément, se dit-t-elle, cette journée commence vraiment bizarrement : ouvrir un
               parapluie à l’intérieur le jour d’un vendredi 13 ! »


               Jeanne pris donc le chemin de l’école avec, au creux de son estomac, cet horrible

               pressentiment qui caractérisent les jours où l’on doute que la journée va se dérouler

               agréablement.


               Tandis que, pas à pas, elle marchait, une sensation de froid l’envahit soudainement

               et une terrible impression qu’elle n’était pas seule la pénétra lentement. Un regard de
               glace semblait la fixer, Jeanne se mit à courir comme pour échapper à la promesse

               d’une mort prochaine et dû se retenir de crier de peur de provoquer les foudres d’un
               potentiel agresseur.



               Lorsqu’elle se retourna pourtant, aucune trace de quiconque derrière elle, mais
               seulement un petit miroir brisé sur le pavé. Elle se retourna, persuadée de n’être pas

               seule, elle cria, se débattit en faisant des grands gestes mais seul l’écho de sa
               propre voix lui répondit dans le silence. Et pour ne rien arranger, elle n’avait pas la

               moindre idée de là où elle avait bien pu atterrir. Elle était seule, glacée, perdue et

               seule.


               C’est alors que commençant à désespérer de pouvoir un jour repartir, elle le vit. Sa

               haute silhouette toute en noir, vêtu de vêtements salement amochés, sa mèche de
               cheveux d’un brun si profond qui dépassait d’une capuche lui masquant le visage et

               son regard. Son regard était si pénétrant qu’il lui coupait le souffle, la figeant sur
               place de terreur. La scène était si immobile que Jeanne se demanda si le temps ne

               s’était pas définitivement arrêté, si le froid, auparavant si mordant, n’avait pas stoppé

               sa course pour à son tour, contempler ce personnage si déconcertant, si
               épouvantable, si anormal. A ce moment précis, lorsque Jeanne aurait donné

               chacune de ses secondes pour disparaître, le plus improbable se produisit.


               Il lui sembla basculer dans un tout autre univers, tout était sans dessus dessous, le

               jour la nuit, chacun de ses repères étaient chamboulés et toute sa raison semblait
               plonger dans un état second où, rien, n’était comme avant. C’était comme une
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