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N° 54 Jour de (mal)chance !
Il pleuvait ce jour-là lorsqu’elle s’est levée.
Ah ! au fait, quel jour sommes-nous ? se dit-elle.
« Vendredi 13 ? ! Zut ! »
Elle n’aimait pas les vendredis 13 qui lui réservaient toujours des surprises.
Celui-ci se passerait-il comme les autres ? Aussi loin que remontait sa mémoire, Nicole ne
se souvenait pas avoir vécu un vendredi 13 normal. Cela faisait maintenant trente ans qu’elle
subissait ce jour maudit. Ce « fameux » vendredi était devenu pour elle un véritable cauchemar.
Dehors les nuages continuaient à s’amonceler à l’horizon. Mais qui sait, la journée pourrait
peut-être bien se dérouler malgré tout ! Pour une fois. Rien qu’une fois. Une toute petite fois. Était-
ce trop demander ?
Nicole enfila son imperméable pour affronter les intempéries. Avec le vent qui soufflait
inutile de se munir d’un parapluie. Elle n’aurait pas franchi l’angle de la rue que l’engin se serait
retourné, voire envolé. Avec la chance qui était la sienne mieux valait faire preuve de prudence. Elle
s’était juré de rester sur ses gardes toute la journée, essayant d’anticiper au mieux les situations qui
pourraient lui jouer des tours. Donc, première décision : le parapluie à la maison. L’eau lui
dégoulinait déjà dans le cou lorsqu’elle arriva à l’arrêt de bus, mais c’était moindre mal. Au moins
elle ne se démarquait pas, pour l’instant, des autres usagers déjà présents. Ce début de journée lui
sembla tout à coup prometteur.
Le bus arriva à l’heure, ce qui l’étonna beaucoup, tant elle était habituée aux retards
réguliers des transports en commun. Néanmoins elle ne poussa pas le vice jusqu’à attendre le
suivant dans l’unique but de confirmer sa théorie. Cependant elle dut jouer des coudes afin de
monter dans le véhicule. Mais, coup de chance, elle arriva tout de même à se frayer un chemin
jusqu’à la place inoccupée qu’elle avait repérée, avant qu’un autre ne s’y asseye. Cela tenait du
miracle !
Durant le trajet, Nicole laissa son esprit vagabonder au-delà des vitres embuées. Elle pensait
à Colin, l’amour de sa vie, parti, depuis un mois bientôt, pour son travail. Ils s’appelaient tous les
vendredis, mais cela ne la satisfaisait pas complètement. Elle aurait voulu qu’il soit là tous les soirs,
à l’attendre lorsqu’elle rentrait du bureau. La jeune femme aimait le contact de sa peau sur la sienne,
elle aimait quand il la serrait dans ses bras. Elle se sentait en sécurité auprès de lui. Mais on ne
choisissait pas toujours dans la vie, et Colin n’avait effectivement pas eu le choix. Elle revoyait sa
tête lorsqu’il lui avait annoncé qu’il devait partir à l’étranger. Elle s’était inquiétée, croyant à un
problème de santé, pour lui ou ses beaux-parents qu’elle adorait. Mais non, elle n’y était pas du tout.
C’était une histoire de boulot. Son patron l’avait mis au pied du mur : soit il consentait à s’exiler sur
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