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Précipitamment, le sol sembla se dérober sous les pieds de Jeanne et l’emporter
               dans une chute sans fin. La gravité, vraisemblablement, était en grève, et ne cessait

               de l’entrainer dans les tréfonds de l’impossible.


               Comme toute histoire ayant une fin et comme tout oiseau pouvant voler, l’infinie

               chute prit fin et Jeanne se retrouva une nouvelle fois dans sa chambre, à 8H08, un
               vendredi 13.



               Il fallait se rendre à l’évidence ! Si Jeanne commençait à se préparer pour aller à
               l’école, elle revivrait cette journée cauchemardesque à l’identique et ne sortirai

               jamais de ce cercle vicieux qui se refermait sur elle ! Mais d’un autre côté, si elle

               séchait les cours, ses parents s’en apercevraient…


               Doucement, des coups frappés à la porte parvinrent à l’oreille de Jeanne. Elle se
               leva de son lit et alla ouvrir la porte de sa chambre. Par l’entrebâillement, elle vit ses

               parents lui souriant et lui souhaitant un joyeux anniversaire !


               On y était. Les mots tant redoutés avaient été prononcés. Toutes ses horreurs,

               toutes ses hantises et ses pires cauchemars été regroupés en un même jour : Celui
               de son anniversaire.



               Tous les ans, elle savait que son frère se lèverait plus tôt pour venir la réveiller à 5
               heures du matin. Tous les ans, elle savait que son voisin du dessous viendrait crier

               parce que l’intervention de son frère l’avait réveillé. Tous les ans, elle savait que son

               pire ennemi viendrait tirer sa chaise lorsqu’elle s’assirait en classe. Tous les ans, elle
               redoutait que ce jour approche, que reviennent les sourires forcés devant des

               cadeaux qu’elle n’aimerait jamais. Mais ce qu’elle redoutait le plus, c’était qu’elle
               parte avant que ses parents ne se lèvent et qu’elle ne les voie que le lendemain

               comme toutes les fois où ils travaillaient trop tard et devaient se reposer pour

               reprendre des forces.


               Cependant cette année, elle l’avait craint plus que tout car il adviendrait un vendredi
               13. Toutes ses appréhensions s’étaient alors insidieusement rassemblées en un

               même personnage sans nom qui avait pris une place dans son esprit sans trop que

               Jeanne ne sache que faire.
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