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domicile. Ce soir pas de courses à faire, là aussi elle avait anticipé : son repas déjà prêt attendait
sagement au réfrigérateur d’être réchauffé.
Arrivée à son appartement, Nicole poussa un soupir de soulagement et se laissa tomber dans
le fauteuil, soulagée que la journée se soit si bien passée. Elle avait encore une bonne heure avant le
coup de fil de Colin. Elle décida de prendre une bonne douche afin d’éliminer les tensions
nerveuses de sa journée, puis d’enfiler la nuisette que Colin aimait particulièrement. Elle lui
proposerait de passer un appel vidéo et lui ferait la surprise de sa tenue. Après tout, ils étaient
adultes et pouvaient s’autoriser quelques coquineries. Après la douche elle se servit un verre de vin
blanc agrémenté d’un peu de liqueur de cassis. Il n’appelait pas. D’habitude il était toujours à
l’heure pourtant. Un contre-temps sans doute. Une journée surchargée peut-être ! Elle réchauffa son
plat et prit le temps de le savourer. Nicole n’avait pas de chance le vendredi 13, mais c’était la seule
chose qui clochait chez elle. Elle était excellente cuisinière et tous les autres jours de l’année se
passaient très bien. Vingt heures passèrent, puis vingt-et-une heures ! Le téléphone demeurait
désespérément muet. Nicole commençait à s’inquiéter. Un mauvais pressentiment lui comprimait la
poitrine. Et si sa poisse s’était déportée sur Colin, et s’il lui était arrivé quelque chose à lui,
spécialement aujourd’hui ! Et si...
A vingt-deux heures, n’y tenant plus et laissant de côté ses désirs coquins, Nicole composa
le numéro de son compagnon. Une voix ensommeillée lui répondit. Bon il était toujours vivant au
moins, c’était déjà ça. Colin émergea rapidement en entendant la voix de sa bien aimée. Pourquoi
l’appelait-elle, lui était-il arrivé quelque chose, que se passait-il, et pourquoi si tard ? Toute à son
inquiétude Nicole avait complètement oublié qu’il y avait un décalage horaire avec la Roumanie.
Une heure seulement, certes, mais une heure quand même. Elle rassura son homme rapidement,
puis lui reprocha d’avoir manqué leur rendez-vous du vendredi. A l’autre bout du fil Colin hésita un
moment entre colère et amusement. Ce fut le rire qui l’emporta.
- Aujourd’hui nous sommes jeudi, Nicole, tu t’es trompée, vendredi c’est demain, s’esclaffa-t-il.
Nicole s’effondra sur le lit. Oh non ! Tout s’expliquait donc. Le sort du vendredi 13 n’était
pas conjuré. Tout était à refaire !
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