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Une vie pour une autre



                   « Clara, tiens donc ! Quelle surprise de te trouver ici aussi tôt ! Depuis quand arrives-tu à te
            réveiller avant neuf heures ? »


                   A l’entente de cette voix gutturale, la principale concernée ne put s’empêcher de soupirer.

            Ses yeux couleur noisette, proche du noir, se perdirent dans le vide. Elle n’était pas d’humeur à
            débattre sur la véracité des nouveaux ragots propagés dans le quartier ou à faire semblant de

            s’intéresser au potager entretenu à quelques mètres de chez elle. Non, elle avait d’autres projets à

            accomplir que celui de converser sur des sujets superficiels, propres aux discussions entre voisins.


                   « Jacques, je vous salue aussi ! Écoutez, il m’arrive parfois d’être attendue par-ci et là ! Je
            suis une femme sans cesse sollicitée, que voulez-vous ! » lança-t-elle, la main posée sur la poignée

            de porte pour mieux montrer son empressement.


                   Jacques avait beau être un amour avec elle, il pouvait parfois s’avérer collant, quoique, très

            collant ! Retraité depuis maintenant cinq ans, il adorait se balader au petit matin, parler avec les
            proprios de la commune, sortir son petit Cavalier King Charles au parc le plus proche… Il menait

            un quotidien paisible, après de longues années de service au sein de la police. Jacques vivait

            désormais seul, sa femme étant décédée d’une tumeur peu de temps auparavant, ce qui le rendait
            particulièrement friand de nouveaux contacts humains. Cet homme restait un éternel bavard ! Il

            devenait un véritable moulin à paroles lorsqu’il croisait des gens assez aimables pour lui répondre.
            Rien de bien méchant en soi, juste un petit peu envahissant.


                   « Ohhh, en voilà, une nouveauté ! Je te laisse donc vaquer à tes occupations. En te

            souhaitant une bonne journée ! »

                   « De même. »


                   Un simple échange de politesses, suivi de sourires hypocrites, et elle put enfin se rendre au
            parking situé un peu plus en haut de la côte. Les quelques minutes de marche qu’elle dut s’imposer

            pour retrouver sa voiture ne lui posaient pas de réels problèmes. Sous une pluie fraîche comme
            celle-ci, peu de choses arrivaient à la décourager. Une petite brise caressait sa peau caramel, ce qui

            permettait de mieux supporter la bouffée de chaleur qui commençait déjà à s’abattre sur elle. Le

            printemps était de loin sa saison favorite, la météo se montrait parfois capricieuse mais ce qui lui
            plaisait plus que tout. Les journées devenaient plus imprévisibles et les mois plus égayés.





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