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- « Que se passe-t-il » ? demanda Aline, un peu tremblante devant l’excès d’assurance de son
               amie.

               - « C’est le vélo de Gwen, assura Josée, regarde, son nom est gravé sur la partie métallique du
               panier ».

               Aline sentit ses jambes se dérober et une vague de chaleur l’envahit soudain.

               Elle regarda Gwen triomphante, toujours installée sur la selle en cuir, les mains posées sur le
               guidon chromé.

               - « Je reconnaitrais ce vélo entre mille, souffla-t-elle, c’est un vélo hollandais. Elle avait fait
               repeindre le cadre et installer une sonnette mauve, elle adore le mauve, mais pourquoi l’as-tu,

               elle te l’a vendu ? ».



               Aline raconta l’histoire. Hier en rentrant tardivement, son voisin et ami Julien avec qui elle

               avait passé la soirée, renversa le vélo en garant sa voiture dans le parking de l’immeuble.
               Il avait un peu bu et pesta contre la présence de ce vélo sur sa place de stationnement.

               Il avait demandé, il y a quatre ans, à Madame Cloarec de régler ce problème et depuis ce jour,

               une petite affichette menaçait le propriétaire du vélo d’un enlèvement imminent.
               Josée paraissait étonnée, elle écoutait le récit d’Aline, mais son visage trahissait ses

               sentiments.
               Sa bouche se pinça, ses sourcils dorés se froncèrent et elle ne put se retenir de prononcer les

               mots tant redoutés.
               - « Bref, tu l’as volé ».

               - « Non, seulement emprunté » se défendit Aline.

               - « Sans son consentement, pour moi c’est un vol, tu ne t’es pas dit que cela ne se faisait
               pas ? »



               Aline se sentit mal, elle avait bien ressenti un trouble ce matin, un malaise, mais ce qu’elle

               n’avait pas avoué et qui pesait sur sa conscience c’était le fait qu’elle avait fracturé l’antivol
               avec l’aide de Julien, un peu grisé par quelques verres.

               Elle revoyait sa grand-mère dans la cuisine de sa petite maison de briques blondes la

               réprimander pour quelques cuillères de confiture de quetsches dérobées dans le petit placard
               vert d’eau.

               « Ma fille disait-elle en pointant un index menaçant dans sa direction, qui vole un œuf, vole

               un bœuf » ou « bien mal acquis, ne profite jamais ».
               - « Sais-tu où habite Gwen maintenant ?» dit-elle.


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