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L’air était encore frais, ce qui lui convint tout à fait. Elle décida de rejoindre le port et de
               longer la côte.

               Elle parcourut une dizaine de kilomètres pour rejoindre le petit port. La circulation était dense,
               les voitures la frôlaient en accélérant pour la dépasser. Elle haletait un peu et son souffle

               couvrait ses lunettes d’un voile de buée qui troublait sa vue.

               Ses cuisses peu habituées à un tel effort brûlaient et lui rappelaient son absence
               d’entraînement physique.

               Enfin, elle aperçut la côte. La mer brillait sous les rayons timides du soleil. Les mâts des
               voiliers se balançaient doucement dans un cliquetis métallique.

               Elle freina brusquement devant le café du port et fut surprise par la puissance des freins.

               Ouf, se dit-elle, j’ai failli passer par-dessus le guidon.
               Ses genoux tremblaient, elle reprit son souffle et choisit une table face au port.

               Elle commanda un thé et le serveur zélé, lui servit sur un petit plateau fleuri un thé aux
               saveurs orientales.

               Elle surveillait son vélo d’un œil angoissé. Elle n’avait pas d’antivol et jugeait qu’il était sans

               doute tentant de l’enfourcher prestement et de se sauver.
               Elle se leva et décida de le placer juste à côté de sa petite table en lattes de bois peint quand

               une voix l’interpella.
               - « Bonjour Aline, c’est rare de te voir ici ».

               Elle se retourna et découvrit Josée, sa chevelure auburn brillait dans les timides rayons du
               soleil

               – « Tiens, bonjour Josée, comment vas-tu ? ».

               - « Très bien, mais je suis surprise et ravie de te voir ici, c’est si rare ».
               - « Je suis venue à bicyclette ».

               - « Ah, je ne savais pas que tu faisais du vélo ».
               - « Moi non plus, c’est une grande première ».

               - « Tu as acheté un vélo, c’est super ».
               - « Non, non, il n’est pas à moi, un emprunt en quelque sorte ».

               Josée scrutait la bicyclette et d’un bond léger et souple enjamba le cadre et posa ses deux

               mains sur le guidon.
               Soudain, elle se pencha, colla son petit nez retroussé sur le panier et se releva d’un bond en

               rejetant sa chevelure en arrière.

               Ses yeux brillaient.
               - « J’en étais sûre » hurla-t-elle.


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